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Guerre en Ukraine, sécheresse : "Une catastrophe majeure se prépare" en Afrique de l’est

Somalie : faim et sécheresse

© 2017 Anadolu Agency

Par Wahoub Fayoumi, avec agences

Les pays d’Afrique de l’Est font face à une crise alimentaire profonde, aggravée par la guerre en Ukraine qui provoque une hausse des prix alimentaires et des matières premières, déjà au plus haut après la pandémie de Covid-19. "Les répercussions du conflit en Ukraine sur le système alimentaire mondial se feront sentir dans le monde entier, mais les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire figurent parmi les communautés qui seront le plus durement et le plus rapidement touchées", souligne Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International. "Une catastrophe majeure se prépare dans certaines régions d’Éthiopie, du Kenya, de la Somalie et du Soudan du Sud. Même si les pluies arrivent en mars, une reprise complète sera quasiment impossible si nous ne prenons pas des mesures urgentes dès aujourd’hui", poursuit-elle.

Distribution de nourriture à Mogadiscio, en Somalie par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.
Distribution de nourriture à Mogadiscio, en Somalie par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies. © 2017 Giles Clarke

S’il ne pleut pas en mars, près de 28 millions de personnes risquent la faim extrême en Afrique de l’Est, selon Oxfam. La faim sévère touche déjà 21 millions de personnes dans ces pays, à cause des conflits, des inondations et d’une grave sécheresse qui dure depuis deux ans, selon l’ONG. "Il est urgent de mobiliser maintenant une aide humanitaire."

Impact de la guerre en Ukraine

Selon Oxfam, les pays de l’Afrique de l’Est importent jusqu’à 90% de leur blé d’Ukraine et de Russie. Or, l’invasion russe de l’Ukraine a forcé cette dernière à interrompre ses livraisons et les sanctions occidentales prises envers la Russie exercent aussi une pression sur les prix.

"Les prix alimentaires commencent à monter en flèche, jusqu’à enregistrer un pic historique la semaine dernière. En Somalie, le prix des céréales de base a plus que doublé par rapport à celui de l’année précédente", selon Oxfam.

En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, plus de 13 millions de personnes ont été déplacées au premier trimestre 2022 à la recherche d’eau et de pâturage, illustre Oxfam. "Des millions d’autres ont été contraintes d’abandonner leurs terres et leur maison en raison de conflits."

Catastrophe climatique

La région a aussi été victime d’une invasion de criquets pèlerins.

Au Kenya, la production agricole a été réduite de 70% et 3,1 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans le pays, où les ménages doivent parfois prendre un crédit pour se nourrir.

Près de 90% de la Somalie connaît une sécheresse sévère tandis qu’en Éthiopie, 3,5 millions de personnes vivant dans la région Somali connaissent une pénurie sévère d’eau et de nourriture.

La perspective de cette situation dramatique a été évoquée ce mardi par l'Union Africaine (UA). Son président en exercice, le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a appelé à Dakar les partenaires internationaux dont la Banque mondiale à aider l’Afrique à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, en lui réallouant notamment les droits de tirage spéciaux (DTS) des pays riches.

Le dirigeant sénégalais s’exprimait en présence du président de la Banque mondiale David Malpass, lors d’une conférence de presse. "Nous avons échangé sur cette conjoncture mondiale marquée par l’impact inquiétant de la crise en Ukraine sur nos économies fragilisées. (Le continent africain) subit de plein fouet cette guerre en Ukraine", a déclaré le président sénégalais. "J’ai souligné l’urgence de la demande africaine de la réallocation des DTS des pays riches en faveur des pays en développement, particulièrement des pays africains pour soutenir nos efforts de résilience et de relance économique", a-t-il dit, après l’avoir une première fois demandé à Bruxelles mi-février.

Les DTS sont une sorte de monnaie créée par le FMI. Ils peuvent être accordés par le FMI directement aux pays membres. Ces derniers peuvent les utiliser soit pour rembourser leurs obligations auprès du FMI, soit pour ajuster leurs réserves monétaires.

La communauté internationale s’est accordée sur le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars pour amortir l’impact de la pandémie de Covid-19, dont 33 milliards doivent revenir mécaniquement à l’Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution de Washington, un montant jugé très insuffisant par l’UA.

En outre, "compte tenu de l’ampleur de la crise actuelle et des perspectives négatives qu’elle présage sur la stabilité et l’emploi, j’ai proposé que la BM puisse examiner la possibilité de déployer le mécanisme renforcé de riposte aux crises", a dit Macky Sall.

"C’est un appel qui s’adresse au monde entier, à l’ensemble des partenaires bilatéraux. Nous plaidons pour la fin de la guerre en Ukraine. Il faut tout faire pour arrêter ce conflit", a-t-il poursuivi.

"Il y a une inflation réelle qui frappe les pays" alors que "nous avons un autre choc dans le Sahel, le terrorisme, qui fait que les Etats font face à des dépenses nouvelles qui n’étaient pas prévues", a-t-il ajouté. Face à une telle crise, une des réponses peut être "une meilleure ouverture des marchés", a affirmé David Malpass.

L’Union africaine avait, dans un communiqué publié le 24 février, appelé la Russie et "tout autre acteur régional ou international au respect impératif du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine". Elle avait exhorté la Russie et l’Ukraine à un cessez-le-feu immédiat, et à l’ouverture de négociations sous l’égide de l’ONU.

Près de 90% de la Somalie connaît une sécheresse sévère tandis qu’en Éthiopie, 3,5 millions de personnes vivant dans la région Somali connaissent une pénurie sévère d’eau et de nourriture.

La perspective de cette situation dramatique a été évoquée ce mardi par l’Union Africaine (UA). Son président en exercice, le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a appelé à Dakar les partenaires internationaux dont la Banque mondiale à aider l’Afrique à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, en lui réallouant notamment les droits de tirage spéciaux (DTS) des pays riches.

L’Union africaine monte au créneau

Le dirigeant sénégalais s’exprimait en présence du président de la Banque mondiale David Malpass, lors d’une conférence de presse. "Nous avons échangé sur cette conjoncture mondiale marquée par l’impact inquiétant de la crise en Ukraine sur nos économies fragilisées. (Le continent africain) subit de plein fouet cette guerre en Ukraine", a déclaré le président sénégalais. "J’ai souligné l’urgence de la demande africaine de la réallocation des DTS des pays riches en faveur des pays en développement, particulièrement des pays africains pour soutenir nos efforts de résilience et de relance économique", a-t-il dit, après l’avoir une première fois demandé à Bruxelles mi-février.

Les DTS sont une sorte de monnaie créée par le FMI. Ils peuvent être accordés par le FMI directement aux pays membres. Ces derniers peuvent les utiliser soit pour rembourser leurs obligations auprès du FMI, soit pour ajuster leurs réserves monétaires.

La communauté internationale s’est accordée sur le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars pour amortir l’impact de la pandémie de Covid-19, dont 33 milliards doivent revenir mécaniquement à l’Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution de Washington, un montant jugé très insuffisant par l’UA.

En outre, "compte tenu de l’ampleur de la crise actuelle et des perspectives négatives qu’elle présage sur la stabilité et l’emploi, j’ai proposé que la BM puisse examiner la possibilité de déployer le mécanisme renforcé de riposte aux crises", a dit Macky Sall.

"C’est un appel qui s’adresse au monde entier, à l’ensemble des partenaires bilatéraux. Nous plaidons pour la fin de la guerre en Ukraine. Il faut tout faire pour arrêter ce conflit", a-t-il poursuivi. "Il y a une inflation réelle qui frappe les pays" alors que, a-t-il souligné, le terrorisme frappe durement ces pays, les forçant à des dépenses non prévues.

Face à une telle crise, une des réponses peut être "une meilleure ouverture des marchés", a, pour sa part, affirmé David Malpass.

Agir vite

L’Union africaine avait, dans un communiqué publié le 24 février, appelé la Russie et "tout autre acteur régional ou international au respect impératif du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine". Elle avait exhorté la Russie et l’Ukraine à un cessez-le-feu immédiat, et à l’ouverture de négociations sous l’égide de l’ONU.

Sécheresse dans le nord du Kenya
Sécheresse dans le nord du Kenya © 2017 Getty Images

"Ne rien faire maintenant serait immoral et contraire aux devoirs humanitaires", souligne Gabriela Bucher, d’Oxfam. L'ONG déplore que seuls 3% "de l’appel humanitaire de 6 milliards de dollars lancé par les Nations unies en 2022 pour l’Éthiopie, la Somalie et le Soudan du Sud ont été récoltés. Tandis que le Kenya n’a obtenu à ce jour que 11% de la somme totale de l’appel éclair des Nations unies".

Et d'exhorter les donateurs à verser les sommes manquantes et "à apporter dès que possible un soutien financier aux organisations humanitaires locales". Elle appelle aussi "l’ensemble des gouvernements, en particulier ceux des pays exportateurs de céréales, à faire tout leur possible pour pallier adéquatement l’interruption imminente de la chaîne logistique liant l’Ukraine aux pays à faible revenu dépendants des importations alimentaires".

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