Quelles sont leurs caractéristiques ?
Le Kinjal ("dague" en russe) appartient à une famille de nouvelles armes que Vladimir Poutine qualifie d'"invincibles" et que la Russie est le seul pays à posséder. Très manœuvrables, ils défient tous les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou.
Concrètement, ces missiles pèsent en moyenne 4 tonnes pour une longueur d’environ 7,4 mètres. Ils ne peuvent donc équiper que les avions de chasse de la Russie, les MiG-31 qui figurent parmi l’aviation navale russe de la flotte nord de Pacifique mais aussi des bombardiers de type Tu-22M3.
Du côté de la vitesse, la Russie assure qu’ils peuvent atteindre "dix fois la vitesse du son", soit environ 12.000 km/h mais de nombreux experts européens estiment que cette estimation est exagérée. C’est cette vitesse importante qui permet de déjouer la défense des pays dans lesquelles cette arme est déployée. Très rapides, ces missiles deviennent alors invisibles aux radars et ne peuvent pas donc être repérés suffisamment rapidement pas les radars pour être déjoués.
Côté portée, ils seraient capables d’atteindre une cible dans un rayon d’environ 2000 kilomètres. Plusieurs études militaires estiment cependant que celle-ci n’excède pas 1200 kilomètres.
Sont-ils plus dangereux que les missiles plus traditionnels ?
Toutes ses caractéristiques rendent ce missile plus menaçant en termes d’impact. "Le missile hypersonique a lui une capacité de pénétration et une puissance destructrice plus importantes du fait de sa très haute vitesse", note l’analyste militaire Vassili Kachine interviewé par l’AFP. Il estime que leur utilisation sur des cibles équipées pour résister à des bombardements n’est donc pas étonnante.
De son côté, le général corps français Bruno Clermont qualifie ces missiles d'"armes de terreur" sur LCI. Leur puissance est équivalente à "20 missiles de croisière non hypersonique" selon lui.
Pour quelle raison ont-ils été développés ?
Qui dit missile hypersonique dit ultra rapidité. C’est justement leur vitesse qui est leur atout principal. Ils permettent de mener des frappes sur des cibles précises, de manière rapide, sans possibilité pour l’ennemi de se défendre. Et à côté du Kinjal, la Russie possède aussi de nombreux autres modèles comme le Zircon, le Sarmat, le Peresvet, le Poséidon ou encore le Bourevestnik…
Dans un rapport intitulé "Armes hypersoniques : quels enjeux pour les armées ?", l’Institut français de relations internationales (Ifri) estime qu’ils sont un facteur supplémentaire à l’arsenal de dissuasion, aux côtés du nucléaire. Car menacer d’utiliser des missiles hypersoniques qu’il est impossible de déjouer met sans aucun doute la pression aux troupes adverses.
Cela n’enlève rien au fait que cette technologie est conçue pour "frapper conventionnellement partout dans le monde en moins d’une heure […] de plus grosses unités navales, mais également des cibles terrestres", note l’Ifri.
Au total, trois pays posséderaient actuellement ce type d’armes : la Russie, la Chine et la Corée du Nord.
Quel impact a leur utilisation par la Russie en Ukraine ?
Mais en Ukraine, peu armée pour déjouer les attaques de missiles conventionnels, quel intérêt ont les Russes à utiliser leurs missiles Kinjal ? "Sur le fond, ça ne change pas le champ de bataille", assure, l’expert militaire russe Pavel Felgenhauer. C’est sur le terrain psychologique qu’assurer utiliser ces armes peut jouer le rôle le plus déstabilisant pour les troupes ukrainiennes. "Cela a un effet sur le plan de la propagande psychologique, pour faire peur à tout le monde", pointe-t-il.