Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : moins de la moitié des F-16 se trouvent dans l’Union européenne et aux États-Unis

Un F-16 Fighting Falcon de l’armée de l’air polonaise participe à un exercice de bouclier aérien de l’OTAN sur la base aérienne de Lask en Pologne, le 12 octobre 2022.

© Getty Images

Par Marine Lambrecht

L’Ukraine va-t-elle bientôt recevoir des avions de combats F-16, comme son président Volodymyr Zelensky le réclame ardemment depuis des mois ? Toujours est-il que, vendredi, le président américain Joe Biden a ouvert la voie à la livraison de ces avions lors de la première journée du sommet du G7 au Japon.

Une décision saluée par Londres et La Haye, à l’initiative d’une "coalition internationale" pour livrer les fameux avions à l’Ukraine. Pour cela, le Royaume-Uni, qui ne possède aucun F-16, compte sur ses alliés européens. Pourtant, ceux-ci ne détiennent que 13% des F-16 dans le monde. L’Ukraine devra aussi être patiente : rares sont les pays à pouvoir les livrer rapidement. 

Quelles sont les caractéristiques du F-16 ?

Le F-16 Fighting Falcon, de son nom complet, est l’avion de combat le plus répandu dans le monde. Son constructeur, l’américain Lockheed Marthin, estime à 3000 le nombre d’appareils actifs en avril 2023. Dans son dernier rapport, le site spécialisé Flight Global en recense 2810, dans la flotte militaire de vingt-cinq pays, utilisés comme avions de combats et avions de formation.

L’appareil n’est pas tout jeune. Son premier vol date de 1974 et les premières commandes internationales ont débuté un an plus tard. Depuis, on estime qu’il a été fabriqué à plus de 4500 exemplaires. Son principal atout? Sa polyvalence. Même s’il est d’abord pensé pour le combat aérien, il peut aussi être utilisé en tant que bombardier tactique, avion d’attaque au sol ou pour la défense de l’espace aérien. La livraison de nouveaux appareils constituerait un renforcement des capacités de l’Ukraine.

En un an, Kiev a perdu une cinquantaine d’avions de chasse sur les 250 qu’elle détenait. Sa flotte, composée essentiellement de SU-25 et de MIG-29 – de conception soviétique – a été renforcée par des MIG-29 promis par la Slovaquie et la Pologne.

À la mi-mars, ces deux pays voisins s’étaient engagés à donner des avions de combat à Kiev, une première pour des pays de l’Otan. Une quarantaine d’appareils devaient être fournis, mais le nombre exact d’avions livrés – autour d’une trentaine – n’est pas connu.

Les F-16 constitueraient un avantage par rapport à la Russie, selon Alain Denève, chercheur à l’Institut royal supérieur de Défense. "Il y aurait la possibilité pour l’Ukraine de disposer d’un atout majeur par rapport aux Russes, qui rencontrent pas mal de difficultés dans la recherche d’une supériorité aérienne. Il est fort probable que l’Ukraine essaie de faire la différence avec les moyens aériens."

Où se trouvent les F-16 dans le monde ?

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Reste à savoir qui acceptera de fournir les avions de chasse. Ce ne sera en tout cas pas les États-Unis eux-mêmes, pays producteur et possédant le plus grand stock de F-16. Le 30 janvier dernier, Joe Biden a exclu la possibilité d’une livraison directe de ses propres F-16. Il a par contre donné son feu vert à ce que d’autres pays qui en possèdent en fassent don à l’Ukraine.

Et dans ce cadre, même si le Royaume-Uni est à l’initiative avec les Pays-Bas d’une "coalition internationale" pour aider Kiev à obtenir des "capacités aériennes de combat", les Britanniques n’en fourniront pas non plus. La raison est simple : ils n’en ont pas.

Les Ukrainiens devront donc aller frapper à d’autres portes. Ces dernières années, plusieurs pays ont décidé de se séparer de leurs F-16 pour les remplacer par des modèles plus modernes. C’est notamment le cas de la Belgique qui a décidé de remplacer une partie de son stock par trente-quatre nouveaux avions F-35. Pour autant, notre pays ne fera pas don de ses anciens appareils à l’Ukraine.

Ludivine Dedonder (PS), ministre de la Défense, a affirmé mercredi dernier en commission Défense de la Chambre que "nos F-16 ont atteint petit à petit la fin de leur cycle de vie". "Impossible d’en faire don", assure la ministre. "On a aussi besoin pour nos missions nationales et dans le cadre de nos obligations internationales".

Notre pays a en revanche proposé son aide pour la formation de pilotes ukrainiens, comme le Danemark et les Pays-Bas. D’autres pays européens pourraient suivre. La Pologne, le Portugal et la Roumanie sont également équipés. Mais c’est de loin la Grèce, avec ses 153 F-16, qui en compte le plus, selon les chiffres de Flight Global.

Ensemble, l’Union européenne et les États-Unis disposent de 1303 F-16 sur les 2810 recensés par Flight global. La majorité se trouve en réalité dans l’arsenal militaire d’autres pays. Après les Américains, ce sont les Turcs qui en possèdent le plus, avec 243 F-16. Ils sont ensuite suivis par Israël (224), l’Egypte (218) et la Corée du Sud (167). Leur point commun ? Tous – mis à part la Turquie avec qui les relations sont plus difficiles – sont des alliés de longue date des États-Unis.

Une chose est sûre, Volodymyr Zelensky devra être patient. Une fois leur personnel militaire formé, les Ukrainiens devront encore attendre les précieuses livraisons. "On n’est pas capable de mesurer exactement le temps qu’il faudra pour aligner des F-16 opérationnels en Ukraine. Mais cela mettra quand même plusieurs mois, au-delà de trois mois, très certainement", estime Alain Denève, chercheur à l’Institut royal supérieur de Défense.

Sur le même sujet (LP du 21/05/23) :

Localisation de la flotte de F-16 (LP, 21/05/2023)

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