Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : les derniers habitants de Bakhmout refusent de fuir devant les forces russes

Un homme marche entre des obstacles antichars sur une route à Bakhmut, le 1er février 2023, en pleine invasion de l’Ukraine par la Russie.

© YASUYOSHI CHIBA / AFP

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Par AFP, édité par Laurick Ayoub

Les derniers habitants restés à Bakhmout, ville de l’est de l’Ukraine, pilonnée depuis l’été par l’armée russe, assurent qu’ils ne comptent pas s’enfuir même si les Russes se rapprochent.

"Comment pourrais-je partir ?", interroge Natalia Chevtchenko, 75 ans, inquiète des coûts trop élevés d’un départ.

Elle a passé tellement de temps à s’abriter dans sa cave qu’elle se sent "comme une taupe" lorsqu’elle s’aventure dehors dans la lumière, clignant des yeux.

"Ne vous inquiétez pas"

"Ne vous inquiétez pas", assure-t-elle malgré le sifflement des obus à l’arrière-plan, "ils sont loin. Je sais à présent où ils vont tomber".

Les forces russes tentent depuis des mois de prendre le contrôle de Bakhmout, la plus longue et la plus sanglante des batailles menées depuis l’invasion russe lancée le 24 février dernier.

Les derniers habitants de Bakhmout se préparent à l'avancée russe (01/02/2023)

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Malgré l’afflux d’armes occidentales envoyées à l’Ukraine, la Russie a revendiqué ces derniers jours des avancées dans la région.

Bakhmout, qui comptait avant-guerre quelque 75.000 habitants, s’est transformée en ville fantôme parsemée de défenses antichar et de voitures brûlées. Il n’y a plus de gaz, ni d’électricité ou d’eau courante.


Du sang sur la neige


Sept mille personnes environ, âgées pour la plupart, y vivent encore malgré le roulement continu des échanges d’artillerie, les tirs et le bourdonnement des drones. Un garçon de 12 ans et un septuagénaire ont été tués mardi.

Lors d’une visite à Bakhmout mercredi, une équipe de l’AFP a pu voir de la fumée arrivant depuis la partie nord de la ville.

La neige est tachée de sang là où un véhicule militaire ukrainien a été ciblé la veille par une frappe russe, dans l’ouest de la ville. Un morceau de ce qui ressemble à de la chair humaine repose près de verre brisé.

A l’extérieur de la ville ravagée par la guerre, des soldats ukrainiens s’emploient à fortifier leurs positions. La rivière qui traverse Bakhmout est devenue une ligne de partage clef pour les combats.

Si on avait l’électricité tout serait plus facile

Natalia Chevtchenko, qui habite sur la rive est, risque chaque jour sa vie en traversant le pont pour aller chercher de l’eau.

Ceux qui le pouvaient sont partis, mais d’autres comme la vieille dame semblent résignés à leur sort.

"Le gaz, ce n’est pas si grave. Si on avait l’électricité tout serait plus facile", explique-t-elle, avant d’ajouter : "On pourrait se chauffer, cuisiner".

"Le pire c’est qu’il n’y a pas de réseau", souligne-t-elle. "Je ne peux pas appeler ma famille. J’ai deux enfants, l’un est à Kiev et l’autre à Odessa. Leurs enfants sont petits, c’est pour cela qu’ils ont dû partir", explique-t-elle.

Nadia Bourdinska, 66 ans, dit avoir vécu à Bakhmout toute sa vie et n’avoir aucune intention de partir, même si, selon elle, "seul un fou n’aurait pas peur" dans ces conditions.

"Tout est possible, si Dieu le veut je resterai vivante", lance-t-elle devant son immeuble construit à l’époque soviétique en tirant des sacs de bois.

Pour se réchauffer, elle a dû acheter un poêle payé 3500 hryvnias (environ 87 euros) et demander aux autorités de lui fournir de la nourriture bon marché : "C’est comme ça qu’on vit au XXIe siècle".

Sur le même sujet : JT du 30/01/2023

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