Le mari d’Anna vient de lui confirmer : il a bien reçu la convocation du bureau de recrutement militaire. La crainte d’Anna est qu’il soit envoyé maintenant dans les tranchées. Pour lui, en raison de ses problèmes de santé, cela serait d’autant plus risqué : "il a des problèmes à une jambe, il ne peut pas courir, il ne peut pas sauter, ce n’est pas un militaire. On ne sait vraiment pas ce qui va se passer."
Parmi les hommes qui n’imaginaient pas combattre, combien sont désormais appelés ? Les chiffres sont tenus secrets mais les convocations semblent s’accélérer. Alors pour échapper à l’armée, des Ukrainiens paient des médecins pour obtenir de faux certificats. "Mon mari ne veut rien faire d’illégal, précise Anna. Il faut être juste. Tout peut arriver dans notre vie désormais. On est dans le noir."
Et de se confier à voix basse : "oui, j’ai peur". Ses deux petits garçons jouent dans la pièce d’à côté. Ils ne savent pas encore que leur papa risque de devoir aller se battre.
La loi martiale octroie des pouvoirs élargis à l’armée et limite, entre autres, le droit de manifester pour les civils. Elle a déjà été prolongée six fois depuis le début du conflit.