Imiter à la quasi-perfection les sites de médias reconnus et y publier des articles relayant les récits du Kremlin sur la guerre en Ukraine : une importante campagne de désinformation s’est déployée en Europe, visant notamment l’opinion allemande.
À première vue, la page Internet estampillée du logo rouge du journal Bild ressemblait à s’y méprendre au site du principal tabloïd d’Allemagne. On pouvait notamment y lire, en août, qu’un garçon était mort dans un accident de vélo à Berlin après que l’éclairage public a été éteint la nuit, dans une Allemagne obligée d’économiser l’énergie en raison de la réduction drastique des livraisons de gaz russe.
Mais un travail d’investigation, notamment mené par la cellule de vérification de l’AFP, a pu démontrer que cette information était fausse et s’inscrivait dans le cadre d’une vaste campagne de désinformation pro-russe menée en imitant les sites de médias européens.
Opération d’origine russe la plus importante
À la fin septembre, Meta, la maison mère de Facebook, l’a qualifiée d'"opération d’origine russe la plus importante et la plus complexe depuis le début de la guerre en Ukraine", agissant avec "une combinaison vraiment inhabituelle de sophistication et de force brute". Meta a enquêté sur le réseau, alerté par des journalistes d’investigation sur l’authenticité des sites.
Parmi quelque 60 sites de médias concernés, les journaux allemands, comme Spiegel et Bild, étaient particulièrement visés, aux côtés d’autres comme le quotidien anglais The Guardian, l’agence italienne ANSA ou le quotidien français 20 minutes.
L’ONG belge EU DisinfoLab, spécialisée dans l’analyse de la désinformation, a aussi publié une enquête sur le fonctionnement de ce réseau qu’elle a baptisé "Doppelganger" (sosie en allemand). Ses objectifs, selon EU DisinfoLab : "Dépeindre l’Ukraine comme un État défaillant, corrompu et nazi" et "promouvoir les récits du Kremlin sur la guerre en Ukraine".