"Dans le paysage communication ukrainien, le terme de 'contre-offensive' dans la région de Kherson est le thème numéro 1 des médias et du porte-parole depuis dix jours", explique Valentyna Dymytrova, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Lyon 3 et spécialiste des identités ukrainiennes dans la communication politique et les médias. C’est devenu un terme communicationnel, parce que tout se concentre autour de cela." Le terme a d’ailleurs été repris par les médias occidentaux, tout comme celui de "bataille pour Kherson".
Est-ce que pour autant cette "contre-offensive" est une réalité sur le terrain ? "C’est à vérifier, tempère la chercheuse. Comme depuis le début de la guerre, il y a des fausses infos qui circulent, des infos stratégiques qui ne sont pas dévoilées." Toutefois, les informations des sources militaires parlent d’avancées, certes modestes, qui se confirment avec la destruction des ponts autour de la ville par exemple.
L’exercice de communication est plus difficile côté russe
Du côté russe, bien sûr, impossible d’admettre le terme de "contre-offensive". "Le fait que la région de Kherson revienne sous contrôle ukrainien et qu’il y ait une contre-offensive n’est que pure fantaisie. Les nationalistes ne disposent pas d’une armée digne de ce nom qui puisse, de quelque manière que ce soit, contrer les forces armées de la Fédération de Russie", a déclaré Kirill Stremoussov, un des dirigeants russes de Kherson, à l’agence officielle Ria Novosti (repris par Courrier International).
"Parler de contre-offensive ukrainienne, dans le champ russe, c’est une offense à l’armée russe qui est beaucoup plus puissante, abonde Valentyna Dymytrova. On est dans le rapport de force entre deux armées, qui sont au départ David et Goliath, ça reste toujours le cas en termes d’hommes." Sans compter que pour les Russes, parler de "contre-offensive" reviendrait à assumer l’existence… d’une offensive, ce que Moscou refuse depuis le début du conflit. "L’exercice de communication est plus délicat du côté russe : tout lexique autour de la guerre est prohibé, rappelle la chercheuse. Une opération militaire oui, avec des armes, mais ce n’est pas la guerre pour autant."