Guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine et énergie : comment se passer du gaz russe ?

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© Getty

Comment ne plus utiliser du gaz russe ? La Commission européenne a dévoilé une ambition : se passer d’ici à la fin de l’année de deux tiers du gaz importé depuis la Russie vers l’Union. Mais est-ce que c’est seulement possible ? Explications de Maxime Paquay, au micro de Sophie Brems, dans "Matin Première" ce vendredi :

Prix astronomiques

"Tout est possible, mais à quel prix et à quelle échéance ? Voilà une réponse à une question complexe" explique le journaliste. "Les raisons de cette ambition de se passer du gaz russe, on les connaît. D’un côté, couper le robinet, arrêter de payer à des prix astronomiques du gaz livré à l’Europe par la Russie en temps de guerre, et de l’autre, se préparer à une éventuelle rupture de l’approvisionnement, rupture totale ou partielle d’ailleurs, de la part de cette même Russie suite aux sanctions économiques qu’on lui impose".

Algérie et Azerbaïdjan

La bonne nouvelle, c’est que l’Europe a des leviers sous la main. Comme des alternatives gazières. Notamment en Algérie ou en Azerbaïdjan. "Ça ne fera pas de miracles en termes de volume, mais c’est un début. Ensuite, viser le gaz naturel liquéfié, par exemple américain, et augmenter nos propres productions de biogaz, de biométhane européen. Idem, ça ne fera pas de miracles, mais c’est un deuxième bon début. Et encore, refrain connu, sans miracle là non plus, réduire la demande en gaz, donc chauffer moins, isoler plus, isoler encore et encore le bâti existant, et électrifier aussi ce qui demandait du gaz jusqu’ici et accélérer plein pot sur les renouvelables" détaille Maxime Paquay.

Pièges et "fausses bonnes idées"

Il y en a, selon le journaliste : "Typiquement, la biomasse. Le lobby affûte ses armes aujourd’hui et se présente comme une alternative au gaz et aux énergies fossiles de manière générale. Soyons de bon compte, il s’agit de cramer… - Pardon, de brûler des arbres - pour un rendement énergétique marginal par rapport à nos besoins à remplacer et qui, à moyen terme, de toute façon, est plus émetteur d’émissions de CO2 que le charbon. Pas une piste valable là, donc, pour le coup".

Biogaz

D’ici fin 2022, toutes les bonnes idées sont possibles à mettre en route. Et c’est là que cela peut coincer. Car pour développer enfin une vraie filière de biogaz, par exemple au niveau européen, ça prend du temps. Le délai va être très, très serré. Idem pour l’électrification. Et aussi pour l’isolation des bâtiments.

"Il n’y aura pas de décision magique", pour Maxime Paquay. "Donc oui, si l’Europe veut en arriver à une indépendance, même partielle, vis-à-vis de ce gaz russe, il faudra sans doute en passer par des chauffages qui tournent moins et des pulls qui réchauffent plus. Cela a l’air trivial, mais les achats groupés entre États membres européens, les interventions sur les marchés de gros, l’intention de plafonner les prix ne changeront sans doute pas fondamentalement la donne. La facture énergétique globale va être salée dans les mois qui viennent et risque bien d’affecter les ménages les plus pauvres et les entreprises les plus fragiles".

 

Mix énergétique

C’est la situation et nos décisions qui vont coûter cher. "N’oublions pas qu’en ligne de mire, il y a un enjeu encore plus fondamental : notre mix énergétique à l’horizon 2030. L’urgence, elle, nous rappelle à quel point nous sommes vulnérables. Mais il est saisissant de constater à quel point c’est au pied du mur, c’est face à la contrainte que ces décisions ambitieuses et tout à fait stratégiques sont prises. Limiter la consommation, isoler le bâti, diversifier l’approvisionnement, accélérer sur les renouvelables, tout ça, ce sont des refrains connus, quelque part. Idem pour la réflexion sur une éventuelle prolongation d’une partie du parc nucléaire belge. Donc, ce n’est pas l’urgence qui nous coûte cher, c’est aussi l’absence généralisée d’anticipation en matière énergétique".

Ce n’est pas l’urgence qui nous coûte cher, c’est aussi l’absence généralisée d’anticipation en matière énergétique

Un manque d’anticipation dont on parle beaucoup et qui sera abordé aujourd’hui encore à Versailles, lors du sommet européen.

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