A la lumières de bougies, Irène façonne les vêtements d'une poupée. "Je ne ferais jamais ça s'il y avait de la lumière", dit la sexagénaire, originaire de Donetsk (est), dont la région éponyme a été annexée fin septembre par Moscou.
Les frappes depuis octobre sur la capitale - qui n'avait plus été touchée depuis juin -, ont aussi rappelé brutalement la guerre qui fait rage depuis huit mois sur les fronts Est et Sud du pays, là où les bombardements, souvent mortels, sont quotidiens sur de nombreuses localités.
Quand ils voient qu'ils ne peuvent pas se battre avec l'armée (ukrainienne), ils commencent à se battre avec l'arrière de l'armée : les civils
Pour Igor, un scientifique de 70 ans passionné de musique, ces bombardements sur les infrastructures civiles sont la marque de "l'agonie et l'impuissance de l'armée russe", en difficulté sur plusieurs fronts après avoir perdu en septembre des milliers de kilomètres carrés dans le Nord-Est.
"Quand ils voient qu'ils ne peuvent pas se battre avec l'armée (ukrainienne), ils commencent à se battre avec l'arrière de l'armée : les civils", dit-il.
Maïdan dans le noir
Dans le centre de Kiev, où la nuit tombe vers 17h00, la place de l'Indépendance (Maïdan en ukrainien), lieu iconique de la révolution de 2014, est elle aussi régulièrement plongée dans le noir. Seuls les phares des voitures éclairent les rues des quartiers où le courant n'est plus. Les restaurants s'adaptent aussi, les bougies sont de rigueur.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, près de 4,5 millions de personnes à Kiev et dans dix autres régions à travers le pays ont été temporairement privées d'électricité, a indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en dénonçant une "terreur énergétique".
A l'approche de l'hiver, le maire de la capitale, Vitali Klitschko, a dit envisager "le pire" scenario en cas de nouvelles frappes sur les sites énergétiques: "celui où il n'y aura plus du tout d'électricité, d'eau et de chauffage".
Ce sera probablement un peu plus difficile en hiver, ou peut-être beaucoup plus difficile
Il a annoncé la préparation de "plus de mille points de chauffage" au cas où. "Nous avons acheté des générateurs électriques, stocké de l'eau et tout ce qui est nécessaire pour que ces points de chauffage puissent accueillir les gens", a-t-il assuré.
Sa lampe sur le front, Igor veut relativiser: "Ce sera probablement un peu plus difficile en hiver, ou peut-être beaucoup plus difficile. Mais nous ne sommes pas dans la pire des situations actuellement".