Le président ukrainien Voldymyr Zelensky a déclaré dimanche que son gouvernement étudiait "en profondeur" la question de la "neutralité" de l'Ukraine, un des points centraux dans les négociations avec la Russie pour arrêter le conflit, qui doivent reprendre en début de semaine.
Une des clauses des négociations porte sur "les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat", une exigence de Moscou, a-t-il déclaré dans un entretien en ligne à des médias indépendants russes, diffusé sur la chaîne Telegram de l'administration présidentielle ukrainienne. "Ce point des négociations est compréhensible pour moi et il est en discussion, il est étudié en profondeur".
Mais il devra être soumis à référendum et il faut des garanties, a-t-il prévenu, accusant le président russe Vladimir Poutine et son entourage de faire "traîner les choses".
Les Nations unies estiment que plus de 10 millions d'Ukrainiens ont été déplacés par le conflit dévastateur lancé il y a plus d'un mois par Moscou, qui s'attendait à une guerre bien plus brève.
Les nouvelles négociations, qui commenceront lundi ou mardi en Turquie, selon les sources, se tiendront après l'annonce par l'armée russe en fin de semaine qu'elle changeait d'"objectif principal" en Ukraine.
Moscou a affirmé vendredi vouloir concentrer son offensive sur l'est de l'Ukraine, un changement de cap qui fait craindre à Kiev une partition du pays, les séparatistes de Lougansk évoquant eux la tenue d'un référendum sur l'indépendance de leur territoire.
De nouvelles négociations ce lundi
Une séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères et à l'invitation d'Ankara, mais n'avait débouché sur aucune avancée concrète.
Depuis lors, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées "difficiles" par les deux camps.
Vendredi, le commandement russe avait créé la surprise en annonçant "concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal : la libération" du bassin minier du Donbass.
Jusque-là, la volonté affichée par Moscou était de "démilitariser et dénazifier l'Ukraine" dans son ensemble, et non pas seulement dans cette région orientale où se trouvent deux "républiques" séparatistes pro-russes.
Scénario coréen ?
Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé dimanche qu'"après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien", Moscou "pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative" d'instaurer un séparation à la coréenne.
Léonid Passetchnik, leader du territoire séparatiste de Lougansk (est), dont Moscou a reconnu l'indépendance, a lui déclaré que cette entité pourrait organiser "dans un avenir proche" un référendum pour rejoindre la Russie.
"Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n'auront aucune légitimité", a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.
Sur le théâtre des opérations, au 32e jour de la guerre, Kiev a dit craindre une aggravation de la situation à Marioupol (sud-est) et dans l'Est.