Santé & Bien-être

Grippe, rhume, rhinite… : peut-on réellement tomber malade à cause du froid ?

L’hiver pointe le bout de son nez, et avec lui son lot d’infections respiratoires. Nez qui coule ou bouché, maux de gorge et/ou de tête, toux, autant de symptômes qui caractérisent la grippe et le rhume. Mais ces maladies infectieuses peuvent-elles réellement être développées à cause du froid, comme le laisserait penser l’expression "prendre un coup de froid" ? La question se pose à l’heure où la forte augmentation des prix du gaz et de l’électricité pousse bon nombre de personnes à ne pas rallumer leur chauffage.

S’il peut avoir des effets directs sur la santé, notamment en provoquant des engelures et l’hypothermie, le froid ne provoque pas à lui tout seul des infections respiratoires. Les virus et les bactéries en sont la cause, insiste la médecin généraliste Sylvie Meeus. Et pourtant dans l’imaginaire collectif, c’est parce qu’on "attrape froid" que l’on tombe malade.

Pas si étonnant quand on s’attarde sur l’étymologie des termes utilisés, quelle qu’en soit la langue, pour qualifier ces maladies. "On retrouve froid dans refroidissement, cold dans common cold (en anglais, ndlr), kalt dans Erkältung (en allemand, ndlr) et ftoft dans ftohje (en albanais)", comme le soulignent les infectiologues Daniel Genné et Christian Chuard, dans la Revue Médicale Suisse (2005).

Et l’hiver dans tout ça ?

Pour quelles raisons alors sommes-nous plus souvent malades durant l’hiver ? S’il n’est pas responsable de l’infection, le froid "augmente tous les facteurs qui font qu’une infection se déclenche", note le Dr Thomas Orban, président de la Société scientifique de médecine générale.

Premièrement, explique le spécialiste, les gens, du moins la plupart, "retournent vivre dans leur chaumière" dès l’approche de l’hiver. Et pour faire face au froid, peu sont ceux qui penseront à suffisamment aérer leur intérieur. Seulement, et le Covid l’a démontré, "les infections virales se transmettent par voie aéroportée. Donc le risque de transmission est beaucoup plus élevé lorsque les gens sont confinés" dans des lieux clos et que l’air n’y est pas renouvelé.

La deuxième raison est que le froid, davantage présent en hiver, affaiblit le système immunitaire puisqu’il le fatigue. "Notre organisme est comme une centrale de chauffage qui doit se maintenir à peu près à 36.5 °C en permanence face à l’agression extérieure qu’est le froid. Et cela demande beaucoup d’énergie, plus encore maintenant qu’on chauffe moins", complète le médecin. Les défenses immunitaires se voient ainsi altérées. En outre, la réduction du temps d’exposition à la lumière du jour impacte, selon Thomas Orban, notre système immunitaire.

Troisièmement, "la qualité de la muqueuse, qui est la première barrière à l’infection, est plus altérée en hiver qu’en été. Les voies respiratoires sont asséchées par le froid (et l’air sec, ndlr), mais aussi par l’air chaud dans les pièces où l’on est", poursuit le président de la Société scientifique de médecine générale. Soumises à rude épreuve, "les muqueuses seront moins efficaces pour se défendre donc le virus a donc les conditions idéales pour infecter le patient".

Il est également à noter que le froid peut aggraver l’état de santé de certaines personnes. "Les personnes immunodéprimées, les enfants puisqu’ils n’ont pas encore développé leur immunité au fur et à mesure du temps, les personnes âgées (mais c’est au cas par cas), les fumeurs", souligne Sylvie Meeus. Mais aussi les personnes souffrant de certaines maladies chroniques (insuffisance cardiaque ou respiratoire, asthme, diabète) ou encore les personnes sans-abri ou en situation d’itinérance.

Seule exception, le Covid

"Le pic épidémique des infections respiratoires commence généralement au mois d’octobre-novembre, donc on est tout à fait dedans. Ça commence lentement, ça monte jusqu’à janvier-février où on a vraiment un pic et puis ça redescend jusqu’à mars-avril. Et puis on reste en bruit de fond pendant les mois de printemps et d’été. En tout cas, ça, c’était avant le Covid, qui change la donne puisqu’il fonctionne par vagues", développe Sylvie Meeus.

Et Thomas Orban d’ajouter : "tout le monde a compris que le Covid ne disparaît pas quand il fait chaud, mais qu’il fonctionne par vagues épidémiques. Plus des gens seront infectés, plus le virus circulera, plus le nombre d’infections augmentera." Par ailleurs, le taux de reproduction diffère d’un virus à l’autre.

L’importance de bien se couvrir

"Je vois beaucoup de gens sans bonnes chaussettes, sans bonnet, sans écharpe, sans gants. Je pense qu’avec l’abondance des ressources énergétiques, les gens ont oublié qu’en hiver, il fallait s’habiller chaudement", pointe Thomas Orban. Si, à nouveau, le manque de couches n’est pas la cause principale d’une infection, le fait de ne pas se couvrir en conséquence n’aidera pas le corps à lutter contre les potentiels virus ou bactéries.

Vos parents vous ont sûrement répété à maintes reprises de ne pas sortir les cheveux mouillés sous peine de tomber malade ? Ils n’avaient pas tout à fait tort. "Votre tête n’est pas protégée, donc vous vous refroidissez. On est refroidi par les extrémités. Si vous demandez à votre organisme de chauffer en permanence, c’est comme votre chaudière, vous allez dépenser plus d’énergie. Donc vous vous fatiguez plus", renseigne le médecin généraliste.

C’est donc un ensemble de circonstances, réunissant avant tout chose l’exposition à un virus ou une bactérie, des conditions climatiques froides et sèches et un système immunitaire affaibli, qui fait qu’une personne puisse tomber malade plus facilement en hiver, et donc par extension quand les températures chutent. Quoi qu’il en soit, mieux vaut donc prévenir que guérir et suffisamment se couvrir en hiver.

Inscrivez-vous à la newsletter Tendance

Mode, beauté, recettes, trucs et astuces au menu de la newsletter hebdomadaire du site Tendance de la RTBF.

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous