Grippe et coronavirus : Frank Vandenbroucke s’inquiète de "la possibilité d’avoir deux épidémies un peu en même temps"

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Par Ambroise Carton sur base d'une interview menée par Thomas Gadisseux et François Heureux

Frank Vandenbroucke (Vooruit), le ministre fédéral de la Santé, était ce lundi l'invité de Matin Première. Pour lui, pas de doute, nous sommes au début d'une quatrième vague de Covid-19.

Dans ce contexte, à l'approche de l'hiver, le ministre de la Santé s'inquiète de l'arrivée de la grippe qui viendrait se combiner à l'épidémie de Covid-19. "Une épidémie de grippe génère aussi des hospitalisations", souligne-t-il. La grippe arrive généralement vers fin décembre, début janvier, mais il ne faut pas attendre pour s'y préparer. "Les deux ensemble, c'est une épidémie de trop."

Le ministre de la Santé met en avant l'importance du vaccin contre le Covid-19. Sans les différents vaccins existants, "on assisterait à une catastrophe inédite sanitaire, sociale, économique".

Il appelle donc à poursuivre la campagne de vaccination, notamment chez les 12-17 ans "pour protéger leurs parents et leurs enseignants". A l'heure où les 65 ans et plus sont invités à recevoir une troisième dose, "la priorité, c'est de vacciner tout le monde avec la première dose". En cette fin octobre, 75% de la population totale de la Belgique a reçu au moins une dose de vaccin.

Cependant, "même si le vaccin offre une protection efficace, avec une telle circulation du virus il y a aussi des personnes qui tombent malades". D'où l'importance de combiner cette campagne de vaccination avec d'autres mesures.


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Pour Frank Vandenbroucke, "à Bruxelles et en Wallonie, il faut d'abord appliquer de façon rigoureuse toutes les mesures existantes". "Dans notre vie quotidienne, il faut devenir un peu prudent de nouveau. La distanciation physique reste importante", ajoute-t-il. Et en Flandre ? "Il faut harmoniser. La situation est un peu la même, avec une hausse très importante aussi dans certains provinces flamandes."

Il plaide donc pour un retour du port du masque dans les magasins et pour une reprise du télétravail. Cette dernière mesure est selon lui "un instrument utile. Il ne faut pas l'obliger, mais l'utiliser partout en Belgique là où c'est possible". Et d'insister au passage sur "la ventilation des cafés, des restaurants, des écoles".

Ce virus n'est pas très impressionné par les débats politiques

Le ministre de la Santé explique que des différences de protocole sanitaire entre le nord et le sud du pays n'ont pas de sens. "Ce virus n'est pas très impressionné par les débats politiques. Il ne comprend pas très bien les frontières linguistiques non plus."

Le scénario de nouvelles fermetures n'est cependant pas sur la table. "On a quand même beaucoup de gens vaccinés, ce qui aide énormément. On a le vaccin, il ne faut pas un 'lockdown'. On a appris qu'il y a des mesures plus sélectives et donc qui peuvent être plus intelligentes", conclut-il.


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Faut-il passer aussi par des mesures renforcées dans les écoles, où la circulation du virus entraîne des fermetures de classes ? Frank Vandenbroucke met en avant "trois éléments de stratégie" :

  • La vaccination : "Tous les 12-17 ans doivent se faire vacciner immédiatement", affirme-t-il ;
  • La ventilation, même s'il se dit conscient qu'il est difficile de la mettre en œuvre partout dans les écoles ;
  • Le port du masque : "Je sais que c'est gênant, mais je préfère des cours en présentiel et quand même un peu de contacts humains avec le port du masque si nécessaire plutôt que de faire marche-arrière et de recommencer les leçons à distance."

Vacciner les 6-12 ans ?

Pas question par contre, pour le moment, de vacciner les 6-12 ans. "L'agence européenne du médicament se penche sur cette question. Ce n'est pas clair, on attend son avis." Par ailleurs, "on va demander au conseil supérieur de la Santé de se pencher sur la question au niveau belge donc ce n'est pas pour demain".


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Quant à la stratégie de testing, elle va prochainement évoluer. Pour l'instant, une prescription d'un médecin généraliste est nécessaire pour se rendre dans un centre de dépistage. Va-t-on dès lors inclure les pharmaciens dans le dépistage du virus ? "Absolument", répond Frank Vandenbroucke qui ajoute qu'"il est clair que, pour les médecins généralistes, la charge de travail devient trop grande".

Un site internet proposera dès le "début de la semaine prochaine" un instrument d'auto-évaluation. Ceux qui ont des symptômes pourront remplir un questionnaire "pour vérifier s'ils ont besoin d'un test. Si la réponse est oui, ils vont recevoir immédiatement un code d'activation pour un test".

 

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