Grippe, bronchite, pharyngite, gastro, etc. : virus et maladies respiratoires ont aussi baissé le masque

J’étais de garde ce week-end, et j’ai fait l’une des plus grandes gardes de ma vie

Partout en Belgique, le nombre de consultations chez les généralistes ne font qu’augmenter depuis ces derniers jours. Rhinopharyngite, rhume, toux, grippe, sinusite, gastro-entérite, etc., reviennent en force.

Pour s’en rendre compte, il suffit de prendre le pouls auprès du docteur Morgan Moucheron, généraliste à Tubize : " Depuis une bonne semaine, il y a une reprise assez importante du nombre de consultations. J’étais de garde ce week-end, et j’ai fait l’une des plus grandes gardes de ma vie en nombre de patients. Beaucoup de personnes qui présentent le même genre de symptômes. Il s’agit d’un spectre assez habituel pour des infections respiratoires. Ça va être de la toux, de fortes températures, des rhinorrhées (nez qui coule), douleurs de gorge etc. Globalement, le diagnostic est une infection des voies respiratoires supérieures. Ça inclut des infections virales comme le COVID, mais il y a aussi la grippe. Je pense qu’elle fait son grand retour. En tout cas ici, ça n’arrête pas depuis ce week-end. "

Il y a beaucoup de tests covid négatifs avec justement cet état grippal qui est confirmé

Si le nombre de patients infectés par la grippe saisonnière augmente significativement depuis ces derniers jours, de nombreuses personnes redécouvrent d’autres virus comme la gastro-entérite ou l’angine par exemple. Des maladies transmissibles qui avaient, pour ainsi dire, disparu durant la crise sanitaire.

Une certitude, les agendas des généralistes sont remplis comme nous le confirme la docteure Antoinette Della Faille : " Aujourd’hui, j’ai déjà vu une dizaine de patients avant 11 heures, plus les appels téléphoniques. Cette après-midi, on a plus de places. Et pour demain, toutes les places sont déjà presque prises ".

Bronchites, pharyngites, covid et surtout des grippes, le constat est sans appel dans les cabinets des généralistes. La docteure Antoinette Della Faille nous fait part de son diagnostic : " Il y a effectivement une augmentation de cas de symptômes respiratoires qui se rapprochent d’un état grippal. Il y a beaucoup de tests covid négatifs avec justement cet état grippal qui est confirmé. Il y a une grippe qui commence. Beaucoup de gens sont très malades avec des hausses de températures, des courbatures, des maux de tête. "

Retour de la grippe, d’autres virus et relâchement des gestes barrières

Le docteur Morgan Moucheron, qui avait constaté une diminution des maladies respiratoires saisonnières durant la pandémie de coronavirus, explique la recrudescence des autres infections virales par le relâchement de quelques gestes barrières lors du dernier comité de concertation : " Ma réflexion est liée au port du masque parce que je n’ai pas eu des cas de grippe l’année passée. A ce moment-là, on avait le masque. Cette année, depuis 2 semaines, on ne porte plus autant le masque ou de manière régulière. Et là, les patients viennent en masse. Je n’avais pas autant de monde l’année dernière. Donc je me dis que cela doit avoir un lien. Le masque protège du covid, mais aussi des autres virus. "

C’est simplement parce qu’on a beaucoup plus de contacts. Des contacts non protégés

En une semaine, le nombre de cas de covid et de grippes a doublé. Si le mois de mars est connu pour les épidémies de grippe, une telle augmentation des deux maladies n’était pas arrivée en même temps depuis deux ans.

Steven Van Gucht, virologue à l’institut sanitaire Sciensano, confirme et explique la hausse liée à la grippe et d’autres maladies virales : " C’est simplement parce qu’on a beaucoup plus de contacts. Des contacts non protégés parce qu’on ne porte plus le masque par exemple. C’est ce qui favorise la propagation des virus respiratoires. Mais c’est aussi assez normal pour cette période de l’année. "

Pas de lien de causalité entre la baisse de l’immunité et le port du masque

Après avoir porté le masque durant deux années, certains patients se demandent si leur immunité a diminué pour cette raison. Pour le docteur Morgan Moucheron : " Je ne pense pas parce que, par exemple, le virus de la grippe mute chaque année. Donc c’est entre guillemets un nouveau virus de la grippe qu’on a chaque année. C’est pour ça qu’on fait annuellement de nouveaux vaccins. Donc non, je ne pense pas que l’immunité est plus basse à cause du port du masque. Je pense simplement qu’on avait une barrière efficace pour la transmission des virus, que ce soit le COVID ou les autres virus. "

Steven Van Gucht, virologue à l’institut sanitaire Sciensano, réfute également ce lien de cause effet entre le port du masque et une perte d’immunité : " On ne perd jamais complètement son immunité. Cela peut s’affaiblir quand on n'est plus exposé pendant une année, voire deux ans. Dans ce cas, si on est ensuite à nouveau exposé, on est un peu plus susceptible. Ça peut s’affaiblir, mais on ne va pas complètement la perdre. "

Covid ou autres virus, les médecins recommandent d’entretenir quelques gestes barrières comme le lavage des mains et faire attention aux contacts en gardant ses distances lorsqu’on est malade. Ces simples et bonnes habitudes permettent de lutter efficacement contre la transmission de n’importe quelles infections virales.