Malgré la grève de la faim, les discussions entre les grévistes et les autorités ne donnent aucune piste concrète. "Les sans-papiers ont montré leur accord pour entrer dans une démarche individuelle, et donc pour s’éloigner d’une démarche collective.", explique Societa Ngo, la directrice générale du Ciré (Coordination et Initiatives pour réfugiés et étrangers).
"Mais les autorités restent complètement sourdes à la possibilité que les sans-papiers aient confiance dans la procédure qui leur soit proposée. Donc, aujourd’hui, oui, malheureusement, c’est au point mort."
Quelles conditions ?
Pourtant, Societa Ngo l’affirme, la seule condition à la fin de la grève de la faim, "c’est l’application de la loi". Puisque la loi ne prévoit pas de solution pour les travailleurs et travailleuses sans-papiers, et vu l’état de santé actuel des grévistes, la directrice générale du Ciré fait référence à des demandes introduites sur base médicale. Des titres de séjour temporaires pourraient être délivrés, le temps d’examiner la procédure.
On assiste vraiment à un dialogue de sourds
Mais le secrétaire d’État en charge du dossier, Sammy Mahdi, reste inflexible. "Accorder un permis court de séjour à tous les grévistes de la faim n’est pas souhaitable. Quelques mois plus tard, ces mêmes sans-papiers seront à nouveau en séjour irrégulier. Les grévistes de la faim ont eux-mêmes indiqué qu’ils ne souhaitaient pas un titre de séjour temporaire, mais permanent et collectif pour tous les sans-papiers", déclarait-il mardi soir.
A ces propos, Société Ngo rétorque : "ce que nous proposons au moins, c’est que ces personnes soient protégées au niveau de leur état de santé, qu’elles puissent sortir de cette grève de la faim et s’articuler vers le marché du travail. Mais aujourd’hui, le secrétaire d’État bloque aussi l’accès au marché du travail pour ces personnes sans-papiers. C’est donc un petit peu facile. On assiste vraiment à un dialogue de sourds."
Séjour temporaire
Des titres de séjour temporaires sont-ils suffisants pour que les sans-papiers mettent fin à leur grève ? D’après elle, la réponse est oui. Mais Societa Ngo insiste : "attention, ce n’est pas un geste. C’est la loi qui le prévoit".
"Ce séjour temporaire de quelques mois permettrait simplement aux personnes de se reposer, mais aussi de regarder la situation avec leur employeur, qui se fait pour l’instant dans le cadre d’un travail au noir, et voir si cet employeur est prêt à faire les démarches officielles."
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Mais aujourd’hui, le bras de fer continue. Et à mesure que les jours passent, la directrice générale du Ciré redoute le pire. "Quelqu’un cédera à un moment, mais on sait pas quel côté. Ils disent eux-mêmes aujourd’hui qu’il vaut mieux mettre réellement leur vie en danger plutôt que de continuer à vivre en ne respirant qu’à moitié. On assiste donc à une détresse qui grandit et on espère que ce ne sera pas plus dramatique."