Alors qu’elle existait déjà dans l’Antiquité, la bipolarité reste un trouble peu connu et sous-estimé. En atteste le délai de 5 à 10 ans qui s’écoule entre le moment où les premiers symptômes apparaissent et la mise en place d’un traitement. Comment gère-t-on la souffrance vécue aussi par les proches, en particulier par les enfants ?
Christophe Hermans a grandi dans l’ombre d’une mère bipolaire. Il vient de réaliser le film 'La Ruche', avec Ludivine Sagnier, Sophie Breyer, Mara Taquin, Bonnie Duvauchelle, où trois soeurs vivent au fil du trouble bipolaire de leur mère. L’occasion de mettre un coup d’éclairage sur ce trouble dit 'de l’humeur'.
"J’avais du mal à prendre le recul nécessaire pour écrire cette histoire, et quand je suis tombé sur le livre d’Arthur (Loustalot), j’ai voulu très vite le rencontrer pour savoir d’où lui venait cette histoire. Quand il m’a expliqué que c’était son histoire et celle de ses soeurs, je me suis dit qu’il y avait là un terreau intéressant pour que le projet devienne universel. Et comme j’avais envie de traiter du fait que le corps de l’enfant est fait du bruit des parents, c’est-à-dire que nous portons, quelque part, le souci de nos parents quand nous grandissons, j’avais envie de travailler la maladie par le biais des enfants, par le regard des enfants."
Ce qui est compliqué à vivre pour un enfant, c’est toute la construction de la honte. On a du mal à en parler à l’extérieur, auprès d’amis, de connaissances, de professeurs. On enterre ce secret à l’intérieur de la maison, pour protéger les parents envers et contre tout.