Lever les freins et les obstacles
“Et quand nous disons “jeunes”, nous ne faisons pas référence à un âge mais au fait que les réalisatrices débutent dans le métier. Concrètement, nous nous rendons compte qu’il y a de multiples freins et obstacles pour les femmes qui réalisent des films, entre leur sortie de l’école et leur entrée dans le métier. La crise sanitaire a exacerbé cette situation. Avec ce festival, nous voulons montrer l’avenir du cinéma belge, nous voulons partager des regards plus diversifiés et inclusifs”, précise-t-elle.
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Au programme de cette première édition, plusieurs dizaines de court-métrages qui sont le premier ou le deuxième film des réalisatrices. “Le court-métrage est très peu représenté dans les festivals en Belgique. Nous avons été très surprises de recevoir 150 films dans lesquels nous avons dû faire une sélection. Nous avons sélectionné les films dans lesquels la personnalité et la vision des réalisatrices transparaissaient le mieux” continue Axelle Pisuto.
Le festival est organisé en deux temps : d’abord, deux soirs de projection en direct sur la plateforme Viméo, les 7 et 8 mai, en collaboration avec Bozar, et accompagnés d'une session de questions-réponses avec les réalisatrices animé par notre journaliste Jehanne Bergé.
Le samedi 8 mai, deux tables-rondes sont également prévues en direct, une sur l’impact du mouvement #MeToo dans l’audiovisuel belge francophone et l’autre sur l’état de santé de l’audiovisuel belge francophone.
Ensuite, place à la deuxième partie du festival du 9 au 16 mai : 34 films, dont des inédits, seront disponibles sur la plateforme de streaming Sooner. De la fiction, du documentaire et de l’animation sont programmés.
Le milieu est plus compliqué pour les femmes, on ne connait que trop bien les principes des boys club
Relayer le message de la nouvelle génération
“Les films seront à chaque fois accompagnés d’une interview de leur réalisatrice, parce qu’il est vraiment important pour nous de leur donner la parole. C’est une visibilité de leur travail mais aussi une façon de jeter un pavé dans la mare et d’éveiller les consciences puisque toutes disent qu’il ne faut pas douter, qu’il ne faut rien lâcher, que ce n’est pas un métier d’homme. Cela montre que le milieu est plus compliqué pour les femmes, on ne connait que trop bien les principes des boys' club… Nous voulons relayer le message de cette nouvelle génération et créer des liens entre elles, leur permettre de créer de la sororité. Nous voulons aussi faire des ponts entre les écoles, les associations de terrain et les réalisatrices”, explique Axelle Pisuto.
A l’avenir, le festival entend évoluer. L’équipe évoque des formations, des projections à d’autres moments de l’année, des débats et des ateliers de productions. Comme autant de graines semées. “Nous sommes là pour soutenir les jeunes réalisatrices qui ont le droit de refuser l’ambiance machiste de ce milieu”, conclut-elle.
Une sélection de trois court-métrages
Dans la catégorie fictions, le film d’ouverture “Window” de la réalisatrice Violet Braeckma est à ne pas rater. Cette nouvelle visuelle est basée sur un poème du poète et cinéaste iranien Forough Forrakhzad, à propos d’une jeune femme qui grandit. En se remémorant son enfance, elle réalise soudain qu’elle est une femme. “Il s’agit d’un vrai coup de cœur de l’équipe, il y a beaucoup de magie et de poésie dans ce film, il y a aussi la métaphore d’aller de fenêtre en fenêtre… la réalisation est très intéressante”, explique Axelle Pisuto.