Gouvernement flamand: démission d'Annemie Turtelboom sur fond de certificats verts

Annemie Turtelboom a annoncé sa démission ce vendredi

© VRT

La vice-ministre-présidente flamande Annemie Turtelboom (Open Vld) a annoncé sa démission du gouvernement régional flamand ce vendredi en début d'après-midi.

Lors d'une conférence de presse donnée à 14h, la ministre a abordé la polémique sur les certificats Verts affirmant que le dossier de la taxe sur l'énergie qu'elle avait fait adopter était devenu "trop personnalisé". Ces derniers mois, elle avait essuyé de nombreuses critiques dans le dossier énergie. Elle a régulièrement été mise en cause pour sa "Turteltaks", un prélèvement d'environ 100 euros par ménage prélevé par le gouvernement flamand pour couvrir la dette des certificats verts en Flandre. Une dette héritée de la "politique de gratuité des ministres socialistes". Avec cette taxe, Annemie Turtelboom espérait éponger cette dette pour 2021. 

"Même si les amis et les ennemis conviennent que ni moi, ni mon parti ne sommes responsables de la montagne de dettes qui s'est créée, le dossier a été tellement personnalisé ces derniers mois que j'ai décidé de passer le flambeau dans l'intérêt de mon parti", a-t-elle déclaré.

Un dossier semble avoir précipité les événements dans la saga de la "Turteltaks". Une centrale de biomasse à Gand est en attente de subsides. Un avis négatif devrait être rendu, ce qui permettrait de refuser les subsides et réduire la taxe ou à tout le moins de la maintenir au niveau actuel, mais il semble que tout le monde ne soutient pas ce scénario.

La décision reviendra à son successeur, a indiqué la ministre en exprimant son souhait d'un "retour à la raison" dans ce dossier.

Un bureau de l'Open Vld a été convoqué à 17h afin de désigner rapidement un successeur. Et c'est Bart Tommelein, l'actuel secrétaire d’État fédéral à la Lutte contre la fraude sociale, en charge de la Protection de la vie privée et de la mer du Nord qui devrait reprendre les attributions d'Annemie Turtelboom au gouvernement flamand, selon plusieurs médias. Et le député européen Philippe De Backer "monterait" au gouvernement fédéral comme secrétaire d’État à la place de Bart Tommelein.

Le problème des certificats verts

Les certificats verts sont des primes financières mises en place au niveau fédéral. Ces primes sont octroyées pour les investissements dans les énergies renouvelables comme les éoliennes ou le panneaux solaires. Tant en Wallonie qu'en Flandre, ces certificats ont connu un énorme succès au point d'être trop nombreux sur le marché par rapport au nombre d'acheteurs. Les grands fournisseurs d'énergie ont du acheter ces certificats à un prix plancher et la dette a dérapé. 

En décembre 2015, le Conseil d’État avait d'ailleurs émis de vives critiques à l'encontre du projet de la ministre flamande de l’Énergie. Une taxe fédérale existe déjà pour la consommation d'énergie. Le gouvernement flamand voulait donc imposer une seconde fois les consommateurs flamands et outrepasserait dès lors ses compétences, observait alors le Conseil d’État. Dans son avis, il avait recommandé de "retravailler sur le fond" ce régime fiscal.

Jusqu'à la mi-janvier, le ministre se disait toutefois soutenue par les membres et les militants de l'Open Vld.

Retour en Flandre

Née en 1967, Annemie Turtelboom est régente en économie. Elle a commencé sa carrière politique au CVP avant de passer chez les libéraux flamands en 2002 en compagnie de quelques autres chrétiens-démocrates du NCD (Nieuwe Christen-Democratie), dont Johan Van Hecke et Karel Pinxten.

En 2003, elle est élue à la Chambre. Quatre ans plus tard, elle échoue à être désignée au Sénat alors qu'elle occupait la 4e place de la liste VLD. Elle est toutefois désignée au gouvernement fédéral d'Yves Leterme où elle reçoit le portefeuille de l'Asile et de la Migration. Les heurts avec sa collègue de l'Intégration sociale, Marie Arena (PS), sont fréquents à tel point que le président du PS, Elio Di Rupo, demande dans une interview avec un quotidien flamand qu'elle cesse de jouer la "forte femme de Flandre" (harde tante van Vlaanderen). En 2009, elle devient ministre de l'Intérieur en remplacement du Guido De Padt, successeur pendant près d'un an de Patrick Dewael.

Dans le gouvernement Di Rupo, Annemie Turtelboom reçoit le portefeuille de la Justice. Cette non-juriste se heurte à une partie du monde judiciaire mais parvient tout de même à imposer la réforme attendue de longue date des arrondissements judiciaires et une gestion plus autonome de ceux-ci. Elle mène également à bien, quelques mois avant les élections, une réforme du nom de famille malgré les revirements au sein de la majorité. Les femmes recevront le droit de donner (également) leur nom à leur enfant.

En 2012, Annemie Turtelboom est parachutée à Anvers où l'Open Vld est au plus bas. Le score électoral est maigre mais les libéraux flamands entreront quand même au collège communal de la métropole en alliance avec la N-VA et le CD&V.

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