Monumental Egan Bernal ! Parti seul à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée dans le Passo Giau, le Colombien a maté toute la concurrence pour s’imposer en solitaire et assommer encore un petit peu plus un Giro qui lui tend plus que jamais les bras.
Bernal qui rit, Evenepoel qui pleure. Lâché dans les premiers hectomètres du Passo Giau, le Belge perd très gros puisqu'il concède un lourd débours de 24 : 05 minutes. Il quitte le Top 10 et pointe désormais à la 19e place du général, juste devant Louis Vervaecke.
Autres grosses victimes du jour, Simon Yates, 2e ce matin mais complètement impuissant face aux pentes du Passo Giau et Aleksandr Vlasov, qui concède plus de deux minutes au leader Bernal. Au classement général, le dauphin du Colombien se nomme désormais Damiano Caruso (+ 2.24)
Amputée de ses périlleux Passo Fedaia et le Passo Pordoi mauvais temps oblige, cette 16e étape emmène le peloton sur 155 kilomètres (au lieu de 212) entre Sacile et Cortina D’Ampezzo. Au programme donc, le Passo Giau, la dernière difficulté du jour (près de 10% de moyenne pendant 10 km) avant un final en descente vers la station de Cortina d’Ampezzo.
Le début de course est nerveux, bon nombre de fuyards tentent de prendre la poudre d’escampette. Mais l’armada Ineos du leader Egan Bernal, veille au grain.
Il faut attendre la 1e ascension du jour pour voir la bonne échappée se former. Une vingtaine de coureurs se retrouvent donc à l’avant. Parmi eux, deux Belges, Louis Vervaecke et Harm Vanhoucke.
Mais très vite, ce groupe explose et six hommes s’isolent. Têtes de gondole de ce petit groupe, Davide Formolo, Vincenzo Nibali ou le lieutenant de Remco Evenepoel, Joao Almeida.
Remco coince !
Un Almeida peut-être envoyé au charbon par son équipe pour briguer une éventuelle victoire d’étape parce que derrière, Remco coince. 7e du général, il est largué dans la première portion qui montait avant le Passo Giau, dernière difficulté du jour.
Le Passo Giau joue à merveille son rôle de juge de paix de cette 16e étape. Devant, Formolo et un très bon Pedrero se tirent la bourre et lâchent leurs derniers compagnons d’échappée. Derrière, le groupe maillot rose explose. Parmi les victimes, un Aleksandr Vlasov retardé par un souci mécanique en début d’ascension, ou Simon Yates.
Alors qu’il reste encore 7 kilomètres avant le sommet de ce Passo Giau, il ne reste déjà plus que 7 coureurs dans le groupe des favoris : Bernal, entouré de son acolyte Martinez, Carr, coéquipier d’un Carthy qui semble avoir des fourmis dans les jambes, Caruso, Ciccone et Bardet.
A l’avant, le binôme éclate et Pedrero laisse Formolo sur la touche. Un Formolo repris puis dépassé par Almeida dans la foulée.
Dans le groupe de favoris, pas de temps à perdre ! Toujours aussi offensif et incisif, Bernal, en personne, attaque et laisse tout le monde sur le carreau. Ciccone et Bardet se font violence mais doivent laisser filer le Colombien.
Yates we cannot...!
Déchainé, Bernal avale les kilomètres...et ses adversaires. Formolo, puis Almeida et enfin Pedredo, tous voient passer l’insatiable glouton colombien.
Passé seul en tête du col, Bernal file vers la victoire d’étape (sa 2e sur le Giro). Derrière, tous les prétendants tentent de limiter la casse. Simon Yates, lâché très tôt, fait partie des victimes notables.
Trop fort, trop puissant, Bernal a un adversaire dans chaque jambe et s'adjuge (tranquillement et sans forcer) sa 2e étape personnelle sur ce Giro. Derrière, Bardet et surtout Caruso font une bonne fin de course et franchissent la ligne avec 27 secondes de retard.
Au vu de la dernière semaine de folie, tout est donc encore possible dans ce Giro mais une chose semble désormais sûre : pour aller chercher ce Bernal-là, il va falloir être fort. Très fort...