Egan Bernal à la dérive ! Cela semblait impossible tant le Colombien a dominé les deux premières semaines du Giro. Et pourtant, le maillot rose a craqué sur les pentes exigeantes de l’inédit Sega di Ala.
Dan Martin a lui tenu jusqu’au bout. Membre de l’échappée matinale, l’Irlandais s’est isolé dans la dernière montée de cette 17e étape et signe sa première victoire sur le Tour d’Italie. Il devance le Portugais Joao Almeida et le Britannique Simon Yates et intègre au passage le cercle fermé des vainqueurs d’étapes sur les trois grands tours. Remco Evenepoel, lui, commence très mal cette troisième semaine. Décramponné à 50 km de l’arrivée, le Belge a rejoint le peloton avant de chuter dans la descente du Passo di San Valentino. Touché au poignet et à la jambe gauche.
Début de la dernière semaine de ce Tour d’Italie et une nouveauté pour commencer ce final très montagneux. Arrivée inédite au sommet de Sega di Ala.
Le début de l’étape s’effectuera sur une très longue descente de 90 km jusque Trento. Ensuite, dans les 50 derniers kilomètres, deux raidards : le Passo San Valentino et la montée finale de Sega di Ala (11 km autour des 10%).
Déjà 8 victoires d’étapes pour des fuyards dans ce Giro et une très longue descente pour entamer la journée, il fallait s’y attendre, la bonne échappée a mis du temps à se former aujourd’hui.
19 coureurs parviennent à s’isoler en tête après une soixantaine de kilomètres. Parmi eux, l'Irlandais Dan Martin, 12e du classement général, mais aussi 3 coureurs belges : Pieter Serry, Quinten Hermans et Dries De Bondt. Après ce début de course très rapide, l’équipe Ineos du maillot rose Egan Bernal lève le pied et l’écart se stabilise autour des 5 minutes.
Emmené par le Team BikeExchange de Simon Yates dans la vallée, le peloton se rapproche à 3 minutes des fuyards avant d’entamer l’ascension du Passo di San Valentino.
A l’avant les accélérations de Dan Martin font exploser l’échappée. L’Irlandais s’isole en tête aux côtés de l’Italien Gianni Moscon, de l’Espagnol Antonio Pedrero et du Français Geoffrey Bouchard qui accentue son avantage au classement de la montagne.
A l’arrière, Remco Evenepoel se relève dès les premières rampes de cette côte de première catégorie. On le pense lâché mais le Belge recolle au peloton juste avant le sommet. Dans la descente, Evenepoel est piégé par une chute devant lui et ne peut éviter le rail de sécurité. Soigné pendant de longues minutes, il peut néanmoins repartir avec un bandage au poignet gauche. Mais cette chute laissera sans doute des séquelles physiques et morales.
Au pied de l’inédite montée de Sega di Ala, l’avance des échappés n’est plus que d’une minute et 20 secondes, Dan Martin tente sa chance en solitaire. L’équipe Ineos imprime un rythme soutenu au peloton et fait sauter un par un les concurrents d’Egan Bernal au classement général. Giulio Ciccone, 6e, Aleksandr Vlasov, 4e, Romain Bardet, 7e, Hugh Carthy, 3e, lâchent les uns après les autres dans cette exigeante ascension.
Mais le plus surprenant se produit à 3 kilomètres du sommet. Engagé dans une poursuite à trois, aux côtés de Joao Almeida et Simon Yates, Egan Bernal craque pour la première fois depuis le début du Giro.
En tête, Dan Martin serre les dents et s’accroche pour finalement remporter l’étape en solitaire devant Almeida et Yates. Une victoire de prestige pour l’Irlandais qui signe sa première victoire sur le tour d’Italie et intègre le cercle fermé des vainqueurs d’étapes sur les trois grands tours. Arrivé 7e à 1 minute 23 secondes du vainqueur, Egan Bernal limite la casse et compte désormais 2'21'' d’avance sur l’Italien Damiano Caruso au classement général. Simon Yates monte, lui, sur la troisième marche du podium et compte 3'23'' de retard sur le Colombien à 4 jours de l’arrivée à Milan. Remco Evenepoel a lui franchi la ligne 36 minutes après Dan Martin et dégringole encore un peu plus au classement. Il pointe désormais au 27e rang à plus d'une heure du maillot rose.