Dans La Touche baroque, Michel Keustermans nous parle du compositeur Giacomo Sarcuni, à découvrir dans un nouveau CD dirigé par Ann Cnop.
Fondactrice de l'ensemble Le Pavillon de musique, Ann Cnop a décidé de redonner vie à l’œuvre de Sarcuni grâce à un heureux hasard : Filomena Sarcuni, une de ses élèves en violon baroque au conservatoire de Gand, s’est rendue compte après des recherches généalogique qu’elle était une descendante du compositeur né dans la même ville qu’elle, à Matera en Italie, en 1690. Giacomo Sarcuni, après avoir terminé ses études à Naples au Conservatorio della pieta dei Turchini, est rapidement devenu un compositeur et professeur de musique réputé. Ann Cnop n’en est pas à sa première découverte, puisqu’on lui doit déjà l’enregistrement des concertos pour violon de Henry-Jacques de Croes, compositeur baroque Bruxellois, qui s’était inspiré des Quatre saisons de Vivaldi.
Au début du 18e siècle, Naples est un bouillon de culture musicale, véritable plaque tournante internationale de la musique italienne, avec Venise et Florence. La musique est présente partout, dans les églises, chapelles, palais, ou les monastères. On voit éclore de nombreux compositeurs comme Falconieri, Scarlatti, Porpora, Pergolesi, pour ne citer qu'eux.
Giacomo Sarcuni est actif au poste de Maestro di Capella de plusieurs églises de Naples, dont la Cathédrale dans les années 1730. Il est également prêtre. Bien que complètement tombé dans l’oubli — probablement parce qu’il semble qu’il n’ait composé aucun opéra, à part un opéra sacré en 1716 — on sait que 27 de ses manuscrits se trouvent dans la bibliothèque des Girolamini, la plus ancienne bibliothèque de Naples, malheureusement fermée au public. Etrangement, on trouve aussi certains de ses manuscrits à Varsovie, à Prague ou à l’Abbaye de Kremsmünster en Autriche. C’est là qu’Ann Cnop a mis la main sur une Messe en ré majeur à cinq voix avec basse continue.
Cette Messe est une Missa Brevis, formée seulement du Kyrie et du Gloria, mais où chaque sous-mouvement est assez développé et montre une écriture à la fois complètement dans le style de son temps, mais également pleine d’originalité et de ferveur, par exemple quand il fait appel aux violons pour de longues descentes chromatiques. On reconnait une écriture à cinq voix typiquement napolitaine, avec son accompagnement orchestral habituel de deux violons et basse continue. Dans ce nouvel album du Pavillon de Musique, une partie d'alto a été rajoutée par Bart Vandewege, chanteur basse et chef de l’ensemble vocal La Hispanoflamenca qui accompagne Le Pavillon sur cet enregistrement.