Si ce n’est sa façade repeinte dans un orange pétant, Station6 passe quasiment inaperçu dans le centre de Genval. Pourtant, cette ancienne agence bancaire abrite depuis une dizaine d’années plusieurs sociétés spécialisées dans le cinéma, en plus particulièrement dans la postproduction, c’est-à-dire toutes les étapes techniques qui viennent après le tournage. Le bruitage, le doublage, l’étalonnage, les effets spéciaux de productions belges et européennes passent aujourd’hui par ce pôle spécialisé. "Le projet initial, c’était de fabriquer des studios d’enregistrement pour du son, puis ça s’est développé vers l’image. Aujourd’hui nous avons un espace de coworking de 800 mètres carrés", explique Etienne Dontaine, un des responsables des Studios Dame Blanche, l’un des premiers occupants du site. Les différentes sociétés présentes voient plusieurs intérêts à se regrouper en un même lieu. "Je pense qu’il y a une logistique intéressante, poursuit Etienne Dontaine. Les effets spéciaux se font généralement en même temps que les bruitages et le montage son. C’est donc intéressant pour le réalisateur, qui peut aller d’un endroit à l’autre. On a aussi des facilités technologiques comme la fibre, qui permettent aux sociétés de postproduction de communiquer. Comme nos installations coûtent très cher, ça permet de partager les coûts".
Proximité et synergies
Dernière société à avoir intégré les lieux : Umedia VFX, qui réalise des effets spéciaux. Déjà présente à Paris, à Bruxelles et en Flandre, elle cherchait à étendre son activité au sud du pays et a donc choisi de s’installer son studio UFX Wallonie dans un lieu déjà dédié au 7e art et proche d’une gare. "Nous voulions nous rapprocher de nos talents. Pour nous, la proximité avec Bruxelles et l’accessibilité en transports en commun était donc capitale", insiste Nora Berecoechea, CEO de Umedia VFX. Il était important aussi pour les nouveaux venus de créer des synergies. "Suite à tout ce qui nous est arrivé depuis 2020 et la crise sanitaire, on se rend compte que c’est encore plus important de travailler ensemble, en tant que prestataires de services. On parle la même langue, on ne fait pas exactement le même métier, mais on travaille sur le même produit final, film ou série télévisée. Il y a un énorme partage de connaissance. C’est super riche", s’enthousiasme-t-elle.
Nora Berecoechea et Etienne Dontaine ont su trouver des synergies entre leurs sociétés respectives. © S. Vandreck
Un effet "tax shelter"
Les membres de l’équipe d’UFX ont pris leurs marques. Samson Michel, compositeur d’effets visuels, peaufine les effets spéciaux d’un film français à sortir prochainement, "Les têtes givrées", avec Clovis Cornillac. Il nous dévoile quelques secrets de fabrication : "Grâce à la technologie, nous plaçons les acteurs dans un glacier, au sommet d’une montagne, ce qui serait quasi impossible à réaliser sur le lieu réel. Cela coûterait trop d’énergie, de techniciens. Tourner ces scènes en studio facilite les choses. Nous arrivons ensuite pour donner l’impression que les acteurs se trouvent vraiment sur place", révèle-t-il. Ce spécialiste en effets spéciaux travaille ici sur une production française, mais dans un autre studio du bâtiment, des bruiteurs recréent l’ambiance sonore d’un film italien. Le tax shelter et les aides wallonnes via Wallimage poussent les producteurs de toute l’Europe à solliciter les professionnels de chez nous. "La postproduction est plus facile à délocaliser, rappelle Nora Berecoechea. L’industrie du cinéma chez nous s’est énormément développée grâce à cela. Mais cela ne va pas sans le talent, évidemment !". L'espace est aujourd'hui complètement occupé, mais qui sait, il pourrait encore accueillir de nouveaux métiers à l'avenir.
Des effets spéciaux "made in Genval" © S. Vandreck
