Le 16 mars dernier, la ministre fédérale de l’Energie, Tinne Van der Straeten actait la prolongation de deux réacteurs nucléaires dans une note au gouvernement.
Les ministres auraient-ils dû davantage négocier pour garantir un meilleur pouvoir d’achat aux ménages ? "Je pense que nous sommes dans une position de faiblesse", répond Geert Noels. "Il y a un monopole. Notre position énergétique dépend de la stratégie d’Engie. Nous avons manqué une occasion en 2005 de garder des cartes en mains pour bien négocier les intérêts des Belges et cela complique les négociations que nous devrons faire à l’avenir. Engie se spécialise de plus en plus dans les centrales à gaz et dans les énergies alternatives et n’a pas envie de prolonger les centrales nucléaires. Nous le paierons d’une façon ou d’une autre ", affirme-t-il.
Nous n'avons pas beaucoup de marge de manœuvre puisque nous n’avons pas créé de compétition dans les marchés énergétiques
Et pour cause, "On est en train de faire deux transitions énergétiques : l’une vers les énergies alternatives et l’autre vers l’abandon du nucléaire. Pour n’importe quel pays, opérer deux transitions énergétiques est très difficile puisque dans les 10 ans à venir, tout le potentiel que nous sommes en train d’investir dans les énergies alternatives sera à peine suffisant pour remplacer les excès d'émission qu’on est en train de faire à cause des centrales de gaz."
Enfin à la question de la redistribution des gains engendrés par les grands groupes à la population, l’économiste se montre très pessimiste : "Une rente nucléaire ne peut se payer que s’il y a des excès de gains. C’est le cas ici des centrales nucléaires. Mais bonne chance", déclare-t-il. "Nous n’avons pas beaucoup de marge de manœuvre puisque nous n’avons pas créé de compétition dans les marchés énergétiques. Ou le gouvernement devra intervenir et nationaliser l’énergie, ce qui est une boîte de Pandore, ou il devra négocier contre un géant qui a toutes les cartes en main…"