Un conte de fée, en somme, pour celui à qui tout semble sourire. Originaire de la Creuse, diplôme d’ingénieur en poche "parce qu’il n’y a rien de plus aléatoire qu’une carrière artistique", il monte à Paris pour apprendre le métier. Il joue devant 20, 30 personnes parce que la chanson coule dans ses veines. "Il y a toujours eu beaucoup de chansons chez moi, à la maison ou en voiture. Mais je ne me suis mis à l’écriture qu’à 18 ans. La guitare est venue encore plus tard, vers 20 ans. Mais, à la fin du premier concert, j’ai su que j’allais en faire beaucoup!"
Vocation tardive peut-être, mais tellement touchante. Gauvain Sers, c’est un conteur d’histoire, doux mais corrosif, évoquant le racisme latent dans "Henin-Beaumont" ou la détresse indicible des mères dans "Mon fils est parti au djihad". "C’est évidemment un sujet casse-gueule et tabou mais évoquer les mamans permet de radoucir le sujet pour éviter de les stigmatiser. Un texte centré sur leurs regrets, qui rappelle que cela peut arriver à tout le monde."
Culotté et pertinent, cette chanson que Renaud aurait tant aimé écrire, parait-il. Lui qui a craqué pour Gauvain en deux chansons à peine, alors qu’il cherchait un artiste pour les premières parties de ses concerts parisiens. La filiation saute évidemment aux oreilles, jusqu’au bout du béret rappelant "Amoureux de Paname", son tout premier album il y a plus de 40 ans. Il l’emmènera finalement sur les 85 dates de sa tournée "Phoenix".
"Renaud m’a donné envie d’écrire des chansons, j’admire l’homme et sa carrière, je le trouve touchant. Il y a pire comme comparaison. J’ai eu une chance unique. Je dois maintenant me construire en tant que Gauvain Sers."
Et il a tout pour réussir. Une plume, un propos, beaucoup de tendresse, d’audace et d’attention pour les destins ordinaires. Sans oublier l’énergie de la contestation. Tout ce qu’on aimait chez Renaud dans notre jeunesse. La relève a sonné! Rendez-vous donc le 15 décembre à La Madeleine à Bruxelles pour la découvrir…
François Colinet