L'histoire d'amour qui unit Pierre et Adrien est de celles qui soulèvent des montagnes. Et de montagnes, il en est drôlement question dans ce récit. Autant vous le dire dès le début : si vous allez jusqu'au bout, vous n'aurez pas de happy end. Pas encore. Car l'infinie patience et la persévérance dont ces deux papas ont fait preuve pour fonder leur famille sont une nouvelle fois mises à rude épreuve aujourd'hui. Mais l'espoir qui les anime sera notre fil rouge. Et si un gros point d'interrogation demeure quant au moment où tout ceci se terminera, "à refaire, on le referait deux fois!", affirment-ils, un grand sourire aux lèvres.
Leur fils, Gaston, est né le 12 octobre 2019 en Californie. Il dispose donc d'un passeport américain, en vertu du droit du sol existant aux Etats-Unis. La petite famille est de retour au plat pays depuis le 16 novembre dernier. Et depuis le 16 novembre, Gaston vit avec ses parents. En Belgique. Mais sous visa touristique. Qui expire donc au bout de 3 mois.
Faites les comptes, allez-y! Vous y êtes? Absolument, vous avez raison! Le 16 février 2020, le visa de Gaston ne sera plus valable. Tic, tac, tic tac. C'est dans une semaine. "Mais Gaston est Belge!", me direz-vous? Eh bien oui ... et non. Oui car ses deux parents le sont. Ils sont nés en Belgique, ont toujours vécu en Belgique, travaillent en Belgique, paient leurs impôts en Belgique. Mais non, car la commune où résident Pierre et Adrien refuse d'inscrire leur fils dans ses registres. Sans numéro de registre national, pas non plus de sécurité sociale. Alors que se passe-t-il?
Vous l'aurez peut-être deviné ou compris. Gaston est né suite à processus de Gestation Pour Autrui (GPA) réalisé aux Etats-Unis. Isabel est la femme qui l'a porté pendant quasi neuf mois. Elle est Américaine. C'est en quelque sorte la cigogne qui s'est posée sur le toit de ses papas.
Face à l'absence de loi encadrant la GPA en Belgique, l'agent de l'état civil rencontré par Pierre et Adrien ne savait pas quoi faire. Ou plutôt, il avait peur de mal faire. Alors, il a décidé de ne rien faire. L'affaire a donc été renvoyée devant le Procureur du Roi. Et celui-ci n'a pas reconnu la validité des documents officiels remis par les deux hommes. Des documents pourtant délivrés par un tribunal américain et valables chez nous en vertu d'accords internationaux. Le Procureur ne reconnait pas non plus la paternité du papa se trouvant sur le certificat de naissance de Gaston. Alors que celui-ci est bien le père biologique du petit. Pour la famille de Gaston, c'est l'incompréhension. Voici leur histoire.