Doter Mons d’un grand nom
Tout commence en 2006. A l’époque, la SNCB et la ville de Mons veulent construire une passerelle. Son but : relier deux quartiers de la ville séparés par des rails de train. D’un côté, le centre historique de Mons, de l’autre, le quartier des Grands Près. La SNCB va donc organiser un concours pour désigner l’architecte qui construira cette future nouvelle passerelle. Le projet prévoit en plus, une couverture des quais de la gare et la construction d’un parking de 800 places.
A l’époque, six candidats sont sélectionnés lors du concours. Et le président du jury n’est autre que le bourgmestre de Mons de l’époque, président du PS et aujourd’hui ministre-président wallon : Elio Di Rupo.
Le concours est anonyme. Les six candidats remettent leurs projets sans les signer. Et ce, pour garantir l’égalité entre les différents candidats et ainsi éviter qu’un grand nom de l’architecture ne soit favorisé. Au final, c’est l’architecte espagnol mondialement connu Santiago Calatrava qui est choisi.
Joël Renaud est lui aussi architecte. A l’époque il participe au concours et pour lui, le concours était loin d’être anonyme. "Quand on fait appel à des architectes de renom et qui ont une signature, on peut facilement se douter que ça puisse être la personne imaginée qui soit à la base de ce projet-là. L’architecture de Calatrava on sait comment elle est quoi".
Plus encore, pour Joël Renaud, la ville de Mons et la SNCB auraient voulu s’offrir un grand nom de l’architecture. "Avec nos associés, nous ne sommes pas des stars telles que Calatrava. On était quand même un peu surpris mais on se dit : 'oui il y a une recherche de vedettariat, de stars' qui a l’époque était déjà bien connu mais qui a pris de l’ampleur depuis parce que le star-system en architecture, c’est devenu la règle".
C’est Elio Di Rupo qui a commandé les travaux, il faut être clair
Alors, y avait-il l’ambition de faire de cette gare un emblème montois signé par un grand architecte ? François Collette, conseiller communal "Mons en Mieux" dans l’opposition à Mons en est persuadé. "C’était une volonté délibérée des politiques de construire cette nouvelle gare. C’était doter Mons d’un bâtiment prestigieux signé par un architecte prestigieux. Et elle a servi d’ailleurs d’argument pour permettre la reconnaissance de Mons comme capitale européenne de la culture en 2015". Et François Collette va même plus loin. Selon lui, cette volonté politique est due à un homme. Le bourgmestre de Mons à l’époque : Elio Di Rupo. "Pour moi, c’est pour la gloire de celui qui a commandé les travaux. C’est Elio Di Rupo qui a commandé les travaux, il faut être clair. C’est une utilisation scandaleuse des deniers publics".
Lire aussi : Gare de Mons : la saga de la charpente métallique