Dans une analyse consacrée à l'impact de la crise financière sur la dette de la Belgique et au poids des garanties publiques octroyées, le professeur Eric Dor met les points sur le "i".
"Les premières garanties à charge de l'Etat belge, effectivement octroyées en application des accords établis lors du premier sauvetage de Dexia en 2008 et 2009, ont porté jusqu'à 50,5 milliards d'euros. Actuellement, l'encours de ces garanties porte encore sur une douzaine de milliards", rappelle Eric Dor.
Par ailleurs, si la nationalisation de Dexia Banque Belgique - rebaptisée Belfius - permet à la partie bancaire belge d'être à l'abri des pertes liées aux actifs à risques du groupe, les parties résiduelles de ce dernier "continuent à exposer l'Etat belge à de lourdes pertes potentielles", poursuit le professeur Dor. L'accord initial prévoit en effet que la Belgique assume 60,5 pc des garanties sur des financements plafonnés à 90 milliards d'euros. En d'autres mots, les garanties à charge de l'Etat belge pourraient atteindre 54,45 milliards d'euros, soit 15 % du PIB.
Mardi matin, 2 députées écologistes, Zoé Genot (Ecolo) et Meyrem Almaci (Groen), ont toutefois décidé de combattre les termes de cet accord devant le Conseil d'État, jugeant "trop lourde" la participation de la Belgique et souhaitant "mettre la pression" afin de renégocier le texte.
La solvabilité du pays pourrait être compromise
"En cas d'activation des garanties initialement prévues, la Belgique serait contrainte d'emprunter les sommes nécessaires, ce qui, au vu de leur ampleur, compromettrait la solvabilité du pays", prévient Eric Dor. Baisses de salaires dans la fonction publique, réduction drastique de l'emploi, réduction des allocations sociales et augmentation des impôts seraient alors incontournables, "quelles que soient les orientations politiques du gouvernement".
"Il serait dès lors urgent que le gouvernement belge et les partenaires sociaux négocient, dès maintenant, avec responsabilité, un plan contingent qui détaille la manière dont les efforts seraient répartis entre toutes les composantes de la population et des entreprises, au cas où les garanties Dexia seraient activées", plaide le professeur en mettant en garde contre un "traitement improvisé" de pareille crise, "lorsque des mesures doivent être prises dans l'urgence sous tutelle internationale".
"Se préparer n'implique pas que l'on pense que le paiement des garanties sera nécessairement enclenché, mais c'est une éventualité à laquelle il faut être prêt à réagir", conclut-il.
Belga