La fin des années 60 est profondément marquée pour Serge Gainsbourg par la rencontre avec l’actrice britannique Jane Birkin sur le tournage du film "Slogan" du réalisateur Pierre Grimblat.
Mais, en plateau, rien n’est simple, Gainsbourg ne supporte pas la jeune actrice britannique (qui a alors déjà une sérieuse réputation après être apparue dans le célèbre "Blow Up" de Michelangelo Antonioni).
Le sentiment est réciproque, Birkin ne supporte pas du tout les manières de Gainsbourg et les disputes entre les deux acteurs sont incessantes. Mais cette haine ne tarde pas à se transformer en véritable passion et Gainsbourg et Birkin finissent par devenir totalement inséparables.
Serge Gainsbourg a enfin trouvé sa nouvelle muse, celle qui lui permettra d’oublier Brigitte Bardot.
C’est alors que Serge Gainsbourg a l’idée géniale de réenregistrer un titre qu’il avait initialement enregistré avec Bardot mais qui avait été retiré des ventes à la toute dernière minute suite à la demande de cette dernière. Et on peut comprendre cette demande puisque ce morceau, c’est "Je t’aime, moi non plus", titre dans lequel Gainsbourg et sa muse évoquent clairement leurs relations sexuelles et dans lequel on entend des soupirs et des cris de désirs assez évidents.
Bardot, qui est alors l’épouse de l’homme d’affaires suisse allemand Gunter Sachs, demande à Gainsbourg de ne pas sortir le disque et il s’exécute. Seuls quelques exemplaires (extrêmement rares) parviendront chez certains disquaires (des exemplaires qui se vendent aujourd’hui à prix d’or – même si cette version avec Bardot se trouve sur de très nombreuses compils aujourd’hui).
C’est donc avec Jane Birkin que Gainsbourg enregistre la version définitive de ce tube qui ne tarde pas à faire couler énormément d’encre en France et… dans le reste du monde.
En effet, si les Anglais sont habitués dans les années 60 à nous sortir quelques titres bien provocs (des titres de rébellions adolescentes ou des titres ouvertement sexuels), ce n’est pas vraiment le cas de la France qui – avec sa production " yéyé " – à un côté souvent " trop politiquement correct ", limite agaçant.
Gainsbourg frappe donc fort en sortant ce 45 tours. A l’époque, une rumeur circule, Gainsbourg et Birkin auraient planqué un enregistreur sous le lit et auraient enregistré le titre en plein durant leurs ébats.
Si Birkin et Gainsbourg s’imposent certainement comme le couple le plus sulfureux de cette fin des années 60, cette rumeur s’avère tout à fait fausse. Gainsbourg se défend notamment en expliquant que si le titre avait réellement été enregistré en pleine action, il aurait eu une durée de bien plus de 4 minutes.
Cependant, Birkin, n’a pas tout de suite accepté de réenregistrer ce titre, trouvant la version de Bardot trop impressionnante au départ. Mais, après avoir appris que des chanteuses se bousculaient au portillon pour réenregistrer la partie de Bardot aux côtés de Gainsbourg, elle a changé d’avis, verte de jalousie. Mireille Darc s’était notamment proposée pour remplacer Bardot aux côtés de Gainsbourg.
L’enregistrement de la version de " Je t’aime moi non plus " que nous connaissons tous s’est fait à Londres, au studio Fontana (avec quelques enregistrements supplémentaires réalisés un peu plus tard à Paris au studio Barclay).
D’après Jane Birkin, le couple était enlacé dans le studio londonien lors de l’enregistrement. Ils auraient bouclé le titre en maximum deux prises. Toujours d’après Birkin, Gainsbourg aurait dirigé ensuite les soupirs amoureux simulés par Jane comme s’il était véritable chef d’orchestre.
De retour en France, Gainsbourg et Birkin présentent leur nouveau titre au directeur de chez Philips, leur label. Ce dernier ne sait pas trop quoi répondre. Il aime bien le titre, mais il a peur du scandale que celui-ci va engendrer. Il prononce alors cette phrase légendaire : " Très bien. Je suis d’accord d’aller en prison mais pour un album, pas pour un 45 tours ".
C’est ainsi que ce projet qui devait être seulement un nouveau 45 tours se transforme en projet de la réalisation d’un véritable album qui sort en 1969 sous le nom de Jane Birkin - Serge Gainsbourg.