Dans l'air du temps

"Fuir le bonheur" : quand Jane Birkin chantait sa rupture avec Serge Gainsbourg

Jane Birkin et Serge Gainsbourg.

© Getty Images

Par Réal Siellez via

Dans sa chronique "L’air du temps", Réal Siellez nous parle d’un moment fécond dans l’histoire de la chanson : celui de la séparation entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin.

"Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve"… C’est tout d’abord un titre étonnement long et compliqué à faire rentrer sur une mélodie… Il n’y a vraiment que Birkin qui, dans son phrasé anglais qui à la fois dilue et accroche la langue française, peut parvenir à désarticuler la longueur de la phrase pour en faire un atout. Et cela Serge Gainsbourg le sait très bien.

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Il s’est inspiré d’une phrase Francis Picabia : "Je fuis le bonheur pour qu’il ne se sauve pas". On la retrouve dans son livre "Jésus-Christ Rastaquouère", et ce titre lui-même avait déjà inspiré le Gainsbourg fan du peintre en 1979.

Lorsque Gainsbourg Propose a Birkin de lui composer un album, ce sera "Baby alone in Babylone" sur lequel apparaîtra "Fuir le bonheur"… Cela fait à ce moment trois ans qu’ils se sont séparés. Serge fait écouter à Jane une série de pistes instrumentales qu’il lui propose de classer en 1,2,3 ou 4 étoiles… Et dans un premier temps, elle flashe sur cette mélodie : Pull Marine.

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Mais pas de bol, "Pull Marine" est déjà réservé à Adjani. Un autre air un peu ressemblant lui est proposé, la mélodie de "Fuir le bonheur" et Gainsbourg, pour l’écriture, utilise le même procédé de coller la rythmique textuelle à la rythmique instrumentale.

Birkin a toujours déclaré qu’a travers cette chanson, Gainsbourg lui a fait chanter sa tristesse. Et sa face B, sa face féminine, fera de ce tube la chanson de rupture absolue, un genre en soi dans l’histoire de la musique.

Un style qui remplit deux fonctions : à la fois l’expression de la douleur de l’artiste qui l’écrit ou de l’interprète, mais aussi la consolation de la douleur de celui ou celle qui l’écoute.

"Fuir le bonheur", un tel tube qu’il deviendra une référence, en étant cité par d’autres. Un peu comme Gainsbourg qui cite Les feuilles mortes dans "La chanson de Prévert" en 1962… C’est Nougaro qui citera Gainsbourg, malheureusement sans évoquer Birkin, dans son titre "Bonheur".

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