La réaction du gouvernement qui se décide à planter de l’épicéa arrive trop tard. C’est du moins ce qu’en pense le compositeur Emile Mathieu, dont les racines sont champlonaises. Plutôt que de se taire, Mathieu fait ce qu’il sait faire de mieux : écrire et composer. En 1883, il termine son poème lyrique et symphonique Freyhir, du nom du massif forestier se trouvant sur les territoires de Libramont, Saint-Hubert, Sainte-Ode et Tenneville. Après avoir introduit une ode forestière, il va faire de la forêt de Freyhir le théâtre de l’histoire et du mythe. Il y place la défaite de Vercingétorix contre César et l’élévation d’un sanctuaire dédié aux héros gaulois par la déesse Freya.
Mais cet espace mythologique, si historiquement faux soit-il, mène à renforcer l’arrivée d’une troisième partie. Une partie dont le premier récit est celui-ci :
"Aujourd’hui qu’hélas ! un avide maître
arrache en tout lieu le frêne
et le hêtre pour semer le morne sapin,
quel miracle veut que par la cognée,
Antique Freyhir, tu sois épargnée ?
Se lasserait-on de détruire enfin ?"
Le poème lyrique et symphonique de Mathieu est un bruit qui pense, une pensée dissonante en 1883 et dont les tristes échos résonnent encore à nos oreilles. Car les questions d’hier sont celles d’aujourd’hui, à nous de ne pas en faire celles de demain.