Politique

Frank Vandenbroucke : l’obligation vaccinale des soignants n’est plus pour tout de suite, mais "reste nécessaire" à long terme

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Par Jean-François Noulet, avec P. Bollekens, Laurent Van De Berg et Estelle De Houck

Le personnel soignant devra-t-il être vacciné obligatoirement contre le Covid-19 ? Au niveau du gouvernement, aucune décision n’a pour le moment été prise. La loi sur la vaccination obligatoire du personnel soignant était sur la table du conseil des ministres restreint ce vendredi matin. Selon les informations de la RTBF, plusieurs membres du gouvernement y ont remis en cause la nécessité de mettre en œuvre la mesure au 1er avril prochain, comme convenu. "L’évolution de la situation épidémiologique ne justifie plus cette mise en œuvre ", a ainsi glissé une source autorisée.

C’est dans ce contexte que le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, s’exprime. Il reste partisan d’une vaccination obligatoire des soignants, mais plus forcément tout de suite. Le dispositif pourrait être activé plus tard, "au moment opportun".

"On ne va pas écraser la 5e vague avec une obligation vaccinale qui ne commence que maintenant"

Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, le reconnaît, alors que l’obligation vaccinale du personnel soignant n’est toujours pas en vigueur, qu’elle intervienne maintenant ne changerait pas grand-chose à la situation épidémiologique. "On ne va pas écraser la 5e vague avec une obligation vaccinale qui ne commence que maintenant", réagit le ministre Vandenbroucke.

Pour lui, dans l’immédiat, il faut surtout convaincre le personnel soignant déjà vacciné d’aller chercher son booster, si ce n’est pas encore fait. Selon lui, à Bruxelles, à peine 60% du personnel soignant vacciné aurait reçu ce booster. C’est à peine mieux en Wallonie, selon le ministre et dans tous les cas, pour lui, c’est trop peu.

Donc, on peut en déduire que le ministre ne fait plus de la date du 1er avril un combat pour parvenir à faire passer l’obligation vaccinale du personnel soignant.

Pouvoir déclencher l’obligation vaccinale des soignants au moment où ce sera nécessaire…

En revanche, pour le ministre de la Santé, cette obligation vaccinale reste une priorité à plus long terme. Pour lui, c’est une disposition légale qui "prendra du temps". Il entend ainsi réfléchir à "un instrument qui sera inscrit dans la législation, un outil qui sera là, bien défini, bien préparé, mais dont l’activation pourra être indiquée à un moment".

Le ministre accepte donc l’idée d’un report, "de quelques mois". A long terme, "l’idée d’une obligation généralisée reste tout à fait nécessaire", selon le ministre. "Mais il faut activer cette idée, ce dispositif, au moment opportun", poursuit Frank Vandenbroucke.

C’est aussi évident que de dire que les instruments doivent être stérilisés

En effet, pour le ministre, vacciner tout le personnel soignant reste un objectif prioritaire. "C’est aussi évident que de dire que les instruments doivent être stérilisés. C’est une question de sécurité", estime le ministre, "tant pour les patients ou les personnes fragilisées avec lesquelles on travaille, que pour se protéger soi-même ou protéger ses collègues", ajoute le ministre.

Certains experts favorable au report

Les experts en santé publique ainsi que les syndicats estiment quant à eux que ce report est plutôt une bonne chose. Il faut dire que, dans le milieu hospitalier, près d’une personne sur dix est entièrement vaccinée. Ceux qui ne le sont pas représentent une cinquantaine de milliers de personnes.

Nous avons besoin de soignants motivés demain, et pas vaccinés de force

"On a à peu près 10% des lits qui sont fermés aujourd’hui. Et pas à cause du covid mais à cause du manque de personnel," explique le secrétaire national CNE pour le non-marchand Yves Hellendorf. "L’obligation vaccinale va amener plus de fuites du personnel que répondre aux dangers d’Omicron aujourd’hui."

"Nous avons besoin de soignants motivés demain, et pas vaccinés de force."

De même, certains professionnels de la santé estiment que le report de l’obligation vaccinale est scientifiquement raisonnable. "Les syndicats médicaux étaient favorables à la vaccination obligatoire avec le Delta et le premier virus, parce qu’il y avait un haut taux de protection en termes de transmission et pas uniquement en termes de maladie personnelle", concède Philippe Devos, intensiviste au CHU de Liège et ancien président de l’Absym (Association belge des Syndicats médicaux).

Il semblerait raisonnable d’avoir un peu plus d’informations scientifiques avant de prendre une décision

"Mais ce n’est plus la réalité d’Omicron. Avec Omicron, on ne sait pas non plus combien de temps dure la protection avec le vaccin. Et donc, avec autant d’inconnue face à ce variant, il semblerait raisonnable d’avoir un peu plus d’informations scientifiques avant de prendre une décision", conclut-il.

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