Jeanne naît dans un contexte marqué par les passions et les haines, dans les Vosges. Elle reçoit une éducation qui ne passe pas par l'école, une éducation religieuse à la paroisse. Elle vit l'insécurité des campagnes militaires, dans une communauté villageoise qui reconnaît la légitimité du fils de Charles VI, le futur Charles VII.
Vers 12 ou 13 ans, elle entend des voix, elle voit des formes, des personnages célestes, l'Archange Saint Michel, Sainte Catherine et Sainte Marguerite, qui lui donnent pour mission de chasser les Anglais qui occupaient la France depuis 1415 -1417, et de remettre sur son trône le roi Charles VII.
Franck Collard explique : "C'est un ébranlement psychologique d'être ainsi mise en contact avec le ciel. On dit qu'elle aurait pleuré, qu'elle aurait été effrayée à la première apparition de Saint Michel. Surtout, ça lui donne un destin commandé par le ciel qui va la conduire à opérer des ruptures par rapport à la destinée qui lui était promise, celle d'une fille de paysan aisé qui était destinée à faire un bon mariage. À partir de ces révélations, elle promet de se consacrer corps et âme à sa mission. Elle va alors demander l'annulation de la promesse de mariage faite sous la pression de ses parents."
Elle harcèle le capitaine Robert de Baudricourt pour avoir une escorte. Elle change d'identité dans tous les sens du terme. Elle se fait appeler Jeanne la Pucelle, elle revendique un statut de vierge, elle revêt un habit masculin, censé la protéger des assauts des soudards et lui donner l'apparence d'une femme en armes.
Charles VII est méfiant au début, mais la force de conviction de Jeanne, sa fraîcheur, son charisme, la rendent capable de retourner les foules. A partir du moment où elle est reçue par le roi, puis parvient à faire lever le siège des Anglais, elle atteint une sorte d'aura, une renommée au niveau du peuple comme à celui de princes de l'entourage du roi.
En 3 mois et demi, Jeanne remporte une série de victoires sur les Anglais. Militairement parlant, on ne peut évidemment pas lui attribuer ces victoires, constate Franck Collard, "mais ce qu'on lui attribue c'est sa force de conviction, sa force de galvanisation des troupes. Alors a-t-elle été chef de guerre au sens de grand capitaine, la réponse est non. Mais en revanche c'est par ses propos, sa force de conviction, que ce qui paraissait presque à jamais irréalisable finit par se réaliser en quelques mois. Et la délivrance d'Orléans est la première preuve qu'elle est bien l'envoyée de Dieu. Et d'autres preuves vont suivre, avec la campagne de Sacre qui l'amène dans des territoires infestés d'Anglo-Bourguignons, Troie, Châlon, jusqu'à Reims. En quelques semaines, elle parvient à faire pénétrer le roi à Reims et à l'y faire couronner le 17 juillet 1429. C'est le point d'orgue de sa renommée."
L'entourage royal estime qu'elle prend trop d'ascendant sur le roi et s'en inquiète. L'événement fondateur de la rupture du charme qui existait entre Jeanne et le roi, c'est l'échec de la campagne contre Paris. Pour la première fois, ce qu'elle avait prédit ne se réalise pas. Jeanne est capturée par les Bourguignons le 23 mai 1430, remise aux Anglais, emmenée à Rouen, soumise à un procès d'inquisition, un procès en sorcellerie. Elle sera condamnée puis par la suite réhabilitée, avant de subir un ultime retournement de situation et de passer sur le bûcher en 1431.