On l’appelle "l’affaire des écoutes". C’est en fait une affaire sur les affaires. Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir corrompu des membres de la justice française pour être informé des procédures qui le menaçaient, au point de se constituer un réseau d’informateurs.
De Kadhafi à Bettencourt
Les enquêteurs en sont venus à ces soupçons alors qu’ils enquêtaient sur une première affaire : celle du financement de sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye et son dictateur de l’époque, Mouammar Kadhafi.
En écoutant les conversations téléphoniques de certains des proches de l’ancien Président de la République, ils se sont rendu compte que le clan Sarkozy essayait de se renseigner sur cette enquête.
C’est à ce moment-là qu’ils décident de mettre Nicolas Sarkozy sur écoute, ou plutôt " Paul Bismuth " le pseudonyme qu’il utilise pour appeler son avocat, Maître Herzog.
De leur conversation, les enquêteurs comprennent que les deux hommes cherchent à obtenir des informations de la part de Gilbert Azibert, un haut magistrat. En échange d’un poste prestigieux à Monaco, Nicolas Sarkozy aurait cherché à savoir où en était la procédure à son encontre dans un autre " affaire ", l’affaire Liliane Bettencourt, du nom de l'héritière de L'Oréal. Il était alors soupçonné d’abus de faiblesse à aux dépens de la milliardaire française pour financer sa campagne de 2007. Depuis, il a bénéficié d’un non-lieu.
Ce qui vaut à Nicolas Sarkozy, d’être placé en garde à vue ce mardi, ce n’est pas cette affaire mais bien d’avoir potentiellement cherché à corrompre un magistrat pour savoir où en était l’enquête.
D'autres affaires
Au total, Nicolas Sarkozy est cité dans six dossiers judiciaires susceptibles d’entraver son retour en politique. Outre cette affaire de trafic d'influence et de violation du secret de l'instruction et celle du financement libyen de sa campagne de 2007, l'ex-chef d'Etat pourrait être éclaboussé par l'affaire "Bygmalion". Lors de campagne présidentielle de 2012, la société société événementielle Bygmalion a facturé pour plusieurs millions d'euros. Ces sommes n'auraient pas été imputées aux comptes de campagne mais à ceux de son parti, l'UMP.
Autre nom synonyme de soucis judiciaires potentiels : Bernard Tapie. Les magistrats soupçonnent l’exécutif français un simulacre d'arbitrage favorable à l'homme d'affaire Bernard Tapie dans un litige qui l'opposait au crédit Lyonnais au sujet de la revente de la société Adidas. La faveur présumée a a rapporté 403 millions d'euros à l'homme d'affaire.
A cette liste, il faut encore rajouter un meeting de campagne qui pourrait avoir été financé avec des l'argent public ou encore des soupçons sur des contrats conclus avec plusieurs instituts de sondages. Des contrats conclus sans appel d'offre...
Julien Jeffredo