L'agriculteur mesure le calibre d'une petite pomme vert clair : 52 millimètres au lieu de 70 à cette époque de l'année, "la taille d'une belle prune mais certainement pas d'une pomme". La déshydratation a bloqué la croissance de ses fruits, qui "n'ont pratiquement pas grossi depuis deux mois". Ils risquent de ne même pas être suffisamment charnus pour faire de la compote, ce qui permettrait de sauver une partie de la récolte, à un prix de vente moins élevé.
Cet arboriculteur n'a jamais vu aussi peu de pluie : environ 70 millimètres depuis le mois d'avril, trois fois moins que d'habitude dans l'Aisne.
Face à la pire sécheresse qu'ait connue la France depuis 1959, des agriculteurs du nord au sud du pays ont interdiction d'arroser leurs cultures mais le bassin où se trouve Guillaume Seguin n'est pas concerné, donc il irrigue le soir les pieds de ses arbres, au goutte-à-goutte. Le long tuyau noir percé, qui serpente seulement sur certaines de ses parcelles, apporte environ 50.000 litres d'eau par jour. Un terrain voisin de 4,5 hectares au sol sableux, calcaire, n'a pas pu être raccordé au réseau d'eau.
S'y ajoute l'effet de la chaleur : les pommes aux couleurs encore claires y ont la peau brunie par les coups de soleil malgré la fine pellicule blanchâtre de calcium pulvérisée et censée les protéger. L'arboriculteur, qui enregistre autour d'un million d'euros de ventes chaque année avec ses 27 hectares de fruits et 300 hectares de céréales, n'espère pas plus qu'une "demi-récolte" cette année sur cette parcelle desséchée.