Le rappeur Namewee, vivant à Taïwan, a assuré lundi n'avoir aucun regret après avoir été mis à l'index par Pékin.
"Je ne me pose jamais de limite et ne m'impose aucune auto-censure", a déclaré Namewee, 38 ans, aux journalistes lundi à Taipei, alors qu'il célébrait au champagne avec Chen le franchissement de la barre des 30 millions de vues pour le clip acidulé sur YouTube.
"Pour moi, les bonnes créations doivent venir du cœur, elles doivent être sincères", a-t-il ajouté.
Les vedettes sinophones, de la chanson, du cinéma ou autres, s'engagent rarement dans une polémique à propos de la Chine, connaissant l'habitude de Pékin de mettre sur liste noire ceux qui semblent critiquer son gouvernement.
Un mot de travers peut rapidement conduire à l'exclusion d'un artiste du premier marché en mandarin au monde et ruiner sa carrière.
Mais la volonté de Namewee et Chen d'aborder des sujets tabous a touché une corde sensible alors que la Chine s'affirme de plus en plus sur la scène mondiale sous la direction du président Xi Jinping.
Quelques jours après la sortie de la chanson, les réseaux sociaux chinois ont supprimé les comptes de Namewee et Chen, leur musique a été censurée et les médias d’État ont accusé le duo d'insulter le pays.
"Contenu illégal"
La Chine retire régulièrement des chansons jugées politiquement incorrectes de ses plateformes de streaming.
En août, le ministère chinois de la Culture a annoncé qu'il établirait une liste noire des chansons interdites pour "contenu illégal".
"Je pense que (les musiciens) devraient être libres de créer et c'est ce que tout créateur souhaite", a expliqué Namewee. "Je suis Malaisien et il y a beaucoup d'obstacles là-bas pour les films, la musique et d'autres oeuvres, dont mes albums."
Namewee a été au cœur de plusieurs polémiques en Malaisie, pays à majorité musulmane. En 2016, il a été arrêté car on lui reprochait d'avoir insulté l'islam dans une vidéo en partie tournée dans une mosquée.
Deux ans plus tard, il a été de nouveau interpellé pour insulte à l'islam, pour une vidéo de Nouvel an chinois mettant en scène des danseurs portant des masques de chien et réalisant des gestes suggestifs.
A 27 ans, Chen a grandi en Australie, mais a déménagé à Taïwan en 2009 pour se lancer dans la pop.
Elle a répondu à la fermeture de ses comptes sur les réseaux sociaux chinois en chantant des paroles modifiées du refrain de "Fragile", célébrant le fait qu'elle avait toujours accès à Facebook et Instagram, qui, comme YouTube, sont interdits en Chine.