Regions

Fosses-la-Ville : un projet d’élevage canin très critiqué

Le projet d’élevage à Fosses-la-Ville inquiète citoyens, associations de défense et vétérinaires.

© RTBF

Par Louis Matagne

Des panneaux jaunes annonciateurs d’une enquête publique sont apparus à Fosses-la-Ville, sur une plaine agricole, le long de la route de Mettet. Depuis, les réseaux sociaux s’enflamment, le téléphone et la boîte mail du bourgmestre surchauffent.

Il faut dire que les panneaux annoncent une demande de permis unique pour l’installation d’un élevage canin hébergeant 84 chiens reproducteurs. Le projet est porté par un éleveur très controversé et déjà actif du côté de Blaton (Hainaut), ce qui semble directement avoir attiré l’attention des citoyens, des associations de défense des animaux et des vétérinaires.

Une pétition en ligne contre le projet a d’ailleurs déjà récolté près de 40.000 signatures…

L’éleveur souhaite ériger deux bâtiments d’une quarantaine de mètres dans une zone agricole au sud de Fosses-la-Ville.
L’éleveur souhaite ériger deux bâtiments d’une quarantaine de mètres dans une zone agricole au sud de Fosses-la-Ville. © Google maps

"Le collège prendra en compte l’ensemble des remarques et des avis", tempère déjà le bourgmestre, Gaëtan de Bildering, qui, à ce stade, ne peut pas émettre d’avis sur le projet. "Nous mettrons tout en œuvre pour protéger la quiétude des Fossois et défendre le bien-être animal. Il faut que le collège se positionne et analyse la situation de manière tout à fait objective, mais c’est évident qu’on ne peut pas rester insensible à autant de solidarité contre ce projet."

« Un non-sens sociétal »

Les détracteurs du projet, qui n’hésitent pas à parler "d’usine à chiots ", sont unanimes sur l’incompatibilité entre un tel nombre de chiens reproducteurs et un élevage de qualité.

"Ce type d’établissement, c’est de l’industriel, de l’exploitation, avec des chiens détenus dans des box, et dont la seule vocation est de produire des chiots à vendre", explique Sébastien de Jonge, président de l’Union wallonne pour la protection animale, et directeur de l’ASBL Sans Collier à Perwez. "De plus, c’est un non-sens sociétal : aujourd’hui le bien-être animal est quelque chose de reconnu par tout le monde, et la société veut autre chose que ce type d’élevage." Une analyse qui fait écho à la position de l’Union professionnelle Vétérinaire qui, si elle ne tire pas sur le projet, se montre sceptique quant à la capacité d’une telle infrastructure à produire des chiens en bonne santé et sans trouble du comportement. "Nous considérons que l’élevage de chiots devrait être fait en famille par des passionnés, dans des conditions de vie qui correspondent à celles que connaîtra le jeune chien", analyse Pierre Paindeveine, administrateur. Pour lui, le chiffre avancé de 84 chiens reproducteurs induit plusieurs risques pour les animaux. "On voit souvent dans les grands élevages une difficulté à gérer les pathologies contagieuses comme la coccidiose. Et puis il y a la sociabilisation : 80 reproducteurs, c’est plus de 150 mises bas par an. Il faudrait une armada d’adultes, d’enfants et d’autres animaux pour une sociabilisation idéale."

Le projet d’élevage canin est à l’enquête publique jusqu’au 3 novembre. La Commune devra alors se pencher sur les réclamations et rendre son avis.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous