Il avait 18 ans lorsqu’il a été kidnappé par la milice. "Je ne parviens plus à dormir plus de deux ou trois heures par nuit". Ahmed passe de la tristesse à la colère. Il en veut à l’Union européenne, à l’ONU. "Si seulement les Européens nous fichaient la paix. Si on arrête de se battre, à qui l’Europe vendra ses armes ? C’est ça le problème. Et l’ONU, quand tu les vois à la télévision, ils disent vouloir une Libye démocratique. Mais sous la table, ils nous envoient de l’argent et des armes".
Ahmed ne croit pas à la justice internationale. "De la politique et du business tout ça ! Les gens qui ont tué mon fils, je les retrouverai et les capturerai un à un. Je les tuerai. Parce qu’il n’y a pas de Justice !". Sans Justice, Ahmed en est persuadé, la milice se reconstituera pour commettre de nouveaux massacres.
Appel à la justice internationale
Issa lui veut encore croire en la justice. Il a dressé la liste des victimes dont on recherche encore les corps aujourd’hui. Il s’est donné pour mission de témoigner. Même s’il doit en mourir.
Aujourd’hui, les frères Kani ont fui à l’est du pays, mais ils ont encore des alliés à l’Ouest, dans la région de Tahruna. Toujours menaçants. Issa a échappé à quatre tentatives d’assassinat dont l’une en plein Tripoli alors qu’il se rendait au bureau des Nations Unis pour essayer de leur parler du dossier des fosses communes.
"Ils veulent me faire taire à n’importe quel prix", résume Issa. "Ils ne veulent pas que je parle des fosses communes et de leurs crimes". A chaque fois qu’il sort de chez lui, il s’attend à se faire tuer.
La petite ville de Tarhuna aux apparences si tranquilles est aujourd’hui contrôlée par une autre milice. La majorité de ses habitants implorent – sans y croire – la Justice internationale d’enquêter. Pour briser ce cercle de violence qui depuis 10 ans s’est emparé de leur ville et de tout le pays.