Ce sera d'ailleurs le cas pour la rénovation des casernes d'Ixelles dont le bureau d'architectes a remporté le projet. D'autres matériaux sont aussi réhabilités, comme le chanvre pour l'isolation.
Utiliser des matériaux durables représente l'une des approches "bioclimatiques" de ce bureau d'architecte, qui va aussi se poser beaucoup de questions en amont d'un projet: "Est-ce qu'il faut réellement construire? Comment orienter un bâtiment, son exposition, quelle ventilation naturelle? ", énumère Nicolas Coeckelberghs. Bref, réfléchir au maximum à la manière dont l'environnement d'un bâtiment va pouvoir le servir.
Des critères de durabilité dans les cahiers de charge
Ces techniques qui étaient marginales jusqu'ici commencent à s'inviter dans les projets bruxellois. Notamment au travers de l'équipe du Bouwmeester, le maître architecte bruxellois. Elle accompagne les maîtres d'ouvrage publics et privés (une trentaine par an) et cette réflexion autour de la durabilité des projets, elle s'échine à la stimuler, " par exemple, en réfléchissant à la manière d’implanter les bâtiments pour éviter la création d’îlots de chaleur, favoriser la circulation de l’air ", déclare Guénaëlle Navez et elle ajoute, "en pensant aux matériaux pour ne pas utiliser que des matériaux minéraux, à la présence de la nature et de l’eau dans les projets". L'équipe du Bouwmeester s'appuie sur le référentiel quartiers durables sorti il y a deux ans par Bruxelles Environnement pour établir ces critères de durabilité.
Un équilibre entre besoins en logement et espaces verts
Autant de critères qui figurent dans les cahiers de charges des projets: "on intègre ces éléments dans les projets qui en sont au stade de la rédaction du cahier des charges", explique Guénaëlle Navez.
Les questions de mobilité, d'intégration des espaces verts, etc, sont aussi inscrits dans la stratégie des nouveaux quartiers, les fameux PAD, plans d'aménagement directeurs. Tom Sanders, directeur du département stratégique chez Perspectives Brussels:
" On tâche systématiquement lorsque l'on définit les stratégies pour l'aménagement de ces quartiers de trouver le point d'équilibre entre absorber et répondre à des besoins concrets en logement et en équipement mais aussi prévoir des espaces verts, des espaces perméables, des systèmes de mobilité notamment en jouant sur la politique de stationnement qui diminue la demande en mobilité. C'est à travers ces plans-là que l'on peut avoir un impact significatif sur ces questions".
Apporter de l'eau et de l'ombre
Voilà pour ce qui est des quartiers à construire, mais qu'en est-il à l'échelle de la région bruxelloise, si l'on prend encore du recul?
Dans le centre par exemple, il faut composer avec le bâti qui existe déjà. Avec, l'une des réalités bruxelloises: les rues canyons. Des rues étroites, avec des barres d'immeubles, souvent sombres, qui emmagasinent donc l'énergie solaire Charlotte Claessens de Bruxelles Environnement: "la chaleur ne peut pas s'échapper, elle stagne entre les bâtiments, en plus il y a avec le trafic plein de moteurs à combustion qui chauffent la rue. Et le vent ne parvient à faire partir ni la chaleur ni les polluants. Malheureusement ceux qui habitent dans un centre très très dense, souvent ils souffrent en premier lieu de ce principe-là".
Dans ces conditions, pour rafraîchir la ville, il faut créer de l'ombre et prévoir de l'eau. Ce sont les deux mesures-phares.