Forest EU dénonce un lobby anti-tabac et revendique le droit de fumer sans culpabilité

26% des Européens fument. Et certains veulent se faire entendre.

© FRED TANNEAU - AFP

Par RTBF

Délibérément à contre-courant de la tendance actuelle, Forest Europe est une organisation " libre " qui milite pour le droit d’avoir du plaisir à fumer. Elle organise ce jeudi, sur une terrasse bruxelloise, une soirée " fumeurs bienvenus ". Guillaume Périgois, directeur de Forest Europe ne craint pas la critique et dénonce un lobbying anti-tabac financer par l’argent public.

" Une sorte d’empilement et d’acharnement des législations "

Pour Guillaume Périgois 100 millions d’adultes en Europe fument. Une proportion fumeurs qui décline, reconnaît-il: "Et justement notre message est de laisser les adultes qui veulent fumer tranquilles, tout en étant conscients des risques liés au tabagisme. Laissons-les sans réglementation ni taxation excessive. C’est vraiment ça notre message. Alors même qu’il y a une diminution de la consommation de tabac en Europe, on voit une sorte d’empilement et d’acharnement des législations sur ces gens, ce que nous trouvons vraiment regrettable et exagéré."
Défendre les droits des fumeurs ne revient-il pas à défendre les droits de l’industrie du tabac qui s’enrichit sur le dos de personnes dépendantes de la nicotine ? Guillaume Périgois s’en défend: "On ne nie pas que le tabac est mauvais pour la santé, on ne nie pas que beaucoup de personnes ont une dépendance à la nicotine. Mais dans l’Union européenne, 26% de gens fument et 20% ont arrêté de fumer complètement. C’est donc possible. ". Il reconnaît qu’arrêter est difficile et qu’il "est normal de leur accorder une aide s’ils le désirent, mais sans empêcher les fumeurs de s’exprimer".

24 lobbies anti-tabac...

Forest Europe dénonce, dans un rapport publié en début de semaine, un lobby anti-tabac financé par les pouvoirs publics. "Notre rapport ‘Smoke and Mirrors ’ met en évidence l’existence de 24 lobbys à Bruxelles qui militent en faveur de politiques anti-tabac plus répressives. Et 13 d’entre elles sont financées par l’argent de la Commission européenne, donc par l’argent du contribuable. Les quatre plus gros lobbys anti-tabac reçoivent la part du lion de leur budget de la Commission européenne. "
Des lobbies qui sont en fait des organismes de promotion de la santé mais qui, selon Guillaume Périgois ont pour seule mission le lobbying de la Commission.

... Et un lobby pro-tabac?

Guillaume Périgois assure ne pas développer un message pro-tabac: "Nous ne sommes pas pro-tabac et on ne promeut jamais l’usage de la cigarette. Si la santé est votre priorité numéro un, ne fumez pas ! Simplement, on est là pour les gens qui choisissent de fumer et qui ne veulent pas arrêter." Raison pour laquelle son association est contre l’interdiction du tabac sur les terrasses. "Cela va finalement s’étendre à l’interdiction dans les parc. Il y a beaucoup de lobbys anti-tabac qui veulent interdire de fumer sur les plages, dans les maisons. Certains veulent marcher vers une sorte de prohibition du tabac à partir de 2021. Ils l’ont dit il y a deux mois en Afrique du Sud. Il y a un dérapage complet. On monte une espèce de guerre entre les fumeurs et les non-fumeurs, qui n’a pas raison d’être. On doit trouver une sorte de compromis raisonnable entre les deux".

On monte une espèce de guerre entre les fumeurs et les non-fumeurs

Pour cela, l’organisme pro-tabac milite pour un assouplissement des lois anti-tabac dans les bars et restaurants.  Il existe dans certains pays de l’Union, une option -sans obligation pour les établissements- d’avoir une pièce très bien ventilée, "où même un non-fumeur ne sent pas une odeur désagréable. On le voit notamment déjà dans certains aéroports, comme à Genève."

Un rôle assumé

On l’a compris, Guillaume Périgois assume totalement son statut de défenseur des fumeurs: "Je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire à vouloir défendre 26% de la population. Encore une fois, on ne prétend pas défendre les 26%, on prétend être une voix qui soutient les adultes qui sont conscients des choix du débat et qui ne veulent pas arrêter de fumer. Donc défendre une minorité quelques fois considérée comme des citoyens de seconde zone."
Cette interview, réalisée en direct dans Matin Première, ce jeudi devait être accompagnée de l’avis, par téléphone, de Jacques Dumont, tabacologue au sein du Centre d’aide aux fumeurs de l’hôpital Erasme à Bruxelles. Des problèmes techniques récurrents ne lui ont pas permis de prendre la parole. Et d’apporter un autre éclairage à l’assuétude au tabac.

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