Les plus petits forains ne vont donc pas à l’école, c’est l’école qui vient à eux. Mais quand arrive l’âge de l’école primaire, les choses se compliquent pour les forains qui sont sur la route au minimum huit mois par an. Les enfants prennent alors la direction de l’internat pour jeunes forains et bateliers.
Situé à Etterbeek, en Région bruxelloise, l’établissement "Tehuis" est unique à Bruxelles, et sans équivalent en Wallonie. Bien que l’enseignement et l’encadrement sont organisés en Néerlandais, les petits forains francophones s’y rendent aussi.
"La plupart des élèves sont même francophones. Après un an, ils parlent bien le néerlandais", explique Inès Muylaert, la directrice. Voilà sans doute de quoi expliquer que le monde forain est un des derniers bastions du bilinguisme en Belgique. "Sur les champs de foire, ils parlent les deux langues mélangées dans une même phrase", s’étonne encore Inès Muylaert.
J’ai beaucoup pleuré pour maman
A six ans, cinq ans même parfois, les jeunes forains doivent apprendre à vivre loin de leurs parents une bonne partie de la semaine. Les débuts sont souvent difficiles : "au début, j’ai beaucoup pleuré pour maman", se souvient Margot, aujourd’hui âgée de 11 ans. "Les retours de vacances sont aussi difficiles", ajoute Sanny Peetermans, la responsable de l’internat. "Ce sont des enfants très indépendants, très autonomes. Ils apprennent très vite à s’habiller, à faire les valises, etc."
Les valises, c’est justement le thème du jour. Comme tous les vendredis à 12h30, les parents viennent rechercher leur enfant. "Au début, mon petit cœur était serré", se rappelle Manon Claus en embrassant son fils Calvin. "Les premières semaines, on a le droit d’appeler le soir. On vous dit si ça s’est bien passé ou pas. C’est la fausse bonne idée. Ne surtout pas appeler", sourit Manon.
Du lundi au jeudi, les élèves ont 30 minutes de cours supplémentaire pour permettre de terminer plus tôt le vendredi, afin de s’adapter aux spécificités du monde forain. "Je dois aller ouvrir mon carrousel à Neder-Over-Hembeek. Certaines écoles ont fini à 14h30. Il ne faut pas que je rate ces sorties d’école. C’est la course du vendredi", conclut Manon.