Football

Foot amateur : Tamines rebat les cartes

JS Tamines

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Par Philippe Bughin

Depuis l’arrivée de son nouveau président Paul Locicero, la Jeunesse Tamines n’arrive plus à gagner. Résultat, l’homme d’affaires sambrien a donné un coup de pied dans la fourmilière et par voie de conséquence modifié sensiblement son noyau de départ. Tout cela à la veille d’un match à "six points" à Couvin-Mariembourg.

À quelques jours de l’importantissime derby namurois pour le maintien en D3 acff série A à Couvin-Mariembourg, la Jeunesse Tamines et Paul Locicero, le nouveau patron depuis l’automne restent assis sur une fourmilière. Qu’ils ont bien remué ces derniers jours. A la suite d’un pauvre bilan sportif de zéro point sur douze depuis la reprise en 2023, celui qui répète avoir un grand projet sportif et économique pour l’endroit, dans les prochaines années dit avoir surtout décidé ces derniers jours de tester la motivation et l’orgueil des joueurs à sa disposition.

"Ils ont des droits mais aussi des devoirs. La semaine dernière, j’ai parlé à la plupart des joueurs qui ont été choisis par les présidents qui m’ont précédé. J’ai proposé, c’est vrai de nouvelles conditions financières qui ne regardent qu’eux et moi. Contrairement à ce que j’ai déjà lu à droite et à gauche, je n’ai jamais mis personne dehors. On va dire que je joue sur les mots, mais dans ma tête, rien n’était figé quand j’ai demandé à chacun de réfléchir quelques jours.

Pour moi, il n’est plus question par exemple d’avoir certains privilèges en semaine dès l’instant où on possède un "salaire" qui dépasse un certain niveau. Si le joueur me prouve sur le terrain que j’ai tort, je sais être deux fois plus généreux. Dès l’instant où on ferme la porte et qu’on me montre qu’il n’y a vraiment que le pognon qui compte, alors j’ai compris que ce n’est plus avec ce joueur-là que je dois voir l’avenir et faire rebondir l’équipe. Je regrette la décision de l’un ou l’autre qui ont certes toujours du bon football dans les jambes, mais ont perdu la magie".

A l’entraînement de ce dernier mardi soir, plusieurs titulaires du dernier match face à Onhaye n’étaient plus présents ou ont fait comprendre qu’ils arrêtaient les frais.

"Ce qui se passe est un peu délicat, juge l’entraîneur hongrois Tibor Balog. "Je ne peux pas m’immiscer dans les décisions financières du président. Ce n’est pas mon rôle. J’ai demandé à tous ceux qui m’ont parlé de la situation d’essayer d’en discuter avec la direction sans prise de tête d’ici le premier entraînement des trois de la semaine.

A quatre soirs d’une rencontre clé à Couvin, je ne peux plus tergiverser. Ceux qui ne sont pas là ce mardi soir (NDLR : lisez hier soir) prennent une décision définitive à mes yeux. Je me dois de me concentrer sur l’objectif de maintien sans état d’âme. En un petit mois, je me retrouve avec sept ou huit nouveaux joueurs à l’entraînement. Certains sont encore très jeunes.

La mayonnaise risque de mettre du temps à prendre. Or, nous n’en avons plus trop. En attendant, si nous sommes en série nationale, les joueurs sont en grande majorité des amateurs, ne l’oublions pas. Critiquer publiquement, parler de sabotage, interdire un bac de bière dans le vestiaire après l’effort n’est peut-être pas la voie à suivre. Je ne critique pas, je demande juste qu’on y réfléchisse.

Le groupe est en très grosse panne de confiance. Il a besoin qu’on lui parle autrement, en le reboostant, qui sait même avec une carotte au bout de la perche. Des échanges ont encore eu lieu en début de semaine, je croise les doigts pour que des déclics aient lieu dès le week-end à venir. "

Mwemwe, Charlier, Piret et d’autres jettent le gant

Julien Charlier
Julien Charlier © D. R

Depuis mardi soir, les Giresse Mwemwe, Gauthier Piret, Tevin Kabeya, Mariano Giuliano, Valentin Lamort et Julien Charlier ont décidé de tourner le dos au stade Michaux, avenue des Alouettes. Après les départs définitifs plus tôt dans la saison des Petar Bojovic et autre Achraf Salime, c’est une petite colonie de copains qui a décidé de stopper les frais.

D’autres cadres comme les Yassine Gahouchi, Ismael Boudart, Abdou Boukamir, Robin Leemans, Renato Aromatario, David Bulfon, Ugo Becquevort ont décidé d’accepter de nouvelles règles émises par le président et participer à un redressement sportif.

Dans le même temps, Tibor Balog a accueilli dans son noyau le latéral droit français Ousmane Stéphanus, 20 ans, stagiaire pro à l’AS Nancy Lorraine, club redescendu en National.

Et aussi Mohamed Moatassim, 19 ans, formé chez les jeunes de Landen, du Lierse et d’Anderlecht.
Ces deux-là figuraient dans les noyaux mis à la disposition de Mohamed Dahmane à l’Olympic de Charleroi (Nat.1), mais ont pu être cédés dans les temps impartis à la Jeunesse Tamines en raison des bonnes relations existant entre le manager joueur des Dogues et le nouveau président des Allous.

Avec Thiago, un troisième élément brésilien par encore qualifié après l’arrivée du duo Caua et Cauo, deux jeunes Lituaniens et les attaquants Aron Katuma ainsi que Sie Pale Mone Sanzon, voilà donc beaucoup de nouvelles têtes à intégrer voire parfois à remettre à niveau en pleine opération sauvetage.

Pour certains observateurs, ça passera voire cela cassera. Car Paul Locicero a joué au poker en modifiant l’échiquier aussi profondément à dix rencontres de la ligne d’arrivée.
Une autre question demeure : comment vont réellement cohabiter les " anciens " et les nouveaux venus à la porte du dernier tiers du championnat ?

Pour l’heure, Paul Locicero s’abstient de faire trop de déclarations, même s’il note en ce milieu de semaine avoir décelé une franche camaraderie et une bonne ambiance à l’entraînement du mardi soir.
L’ancien big boss d’Action 21 foot en salle, ex-champion d’Europe de la discipline précise aussi qu’il s’occupe de la gestion quotidienne du club, mais plus trop de l’aspect sportif, délégué à son beau-frère, Djilali Metous, tout nouveau directeur technique. Entièrement ? Pas encore tout à fait puisque le Brésilien Liliu reste conseiller sportif aux côtés du président et de l’ancien joueur de Châtelet, Gilly ou Pont-à-Celles. La nouvelle organisation a-t-elle la bonne clé pour faire redémarrer une équipe première qui n’a plus gagné depuis le 13 novembre 2022 ?

Manage qualifié pour le tour final deux saisons de suite

Michel Errico
Michel Errico © D. R

Pendant ce temps-là, toujours dans la même série, après la victoire surprise de la première période par l’équipe montoise de Symphorinois, Manage s’est offert une nouvelle qualification pour le tour final via un meilleur average que le nouvel effectif de Renaissance Mons, au bout de la dernière journée de la deuxième tranche. Depuis le début décembre dernier, le CS Entité ne laisse plus la moindre unité à l’adversaire, restant sur un quinze sur quinze offrant de la confiance avant d’aller affronter la grosse armada montoise samedi soir.

"Nous n’avions pas spécialement une envie de jouer la montée en début de saison, raconte l’entraîneur Michel Errico, lequel en est à sa cinquième saison d’affilée sur place. Nous n’avions quasi pas transféré, perdant en outre notre attaquant Nabil Seggour, parti à Binche.

Sur le fil, juste avant la fin du marché d’été, nous avons même vu une de nos nouvelles têtes, l’arrière droit Romain Mabille filer vers Symphorinois. Dans le noyau actuel, l’ancien joueur de Gosselies et Châtelet, Eymeric Thibaut est le seul transfert aligné. Fort heureusement, j’ai pu récupérer il y a quelques semaines déjà Jérémy Dauby qui était resté trois saisons sans jouer en raison de sérieuses blessures à l’épaule, au genou et puis à la hanche. Idem avec Léopold Laurent, revenu à un bon niveau après une opération aux ligaments croisés. La force d’Entité Manage est collective, avec un noyau équilibré, qui possède une grande envie. "

Comme la saison dernière – NDLR : Elimination au deuxième tour à Sprimont, après avoir sorti Rochefort – Manage participera donc à nouveau à la course à la montée d’après championnat.

"A moins qu’on ne soit champion rigole l’ancien entraîneur de Solre-Sur-Sambre et Gosselies. On ennuie beaucoup d’équipes sur le terrain car on sait gérer un match. On possède déjà plus de points et de victoires que la saison dernière à la même période. Nous encaissons aussi très peu. Nous avons d’ailleurs gagné cinq rencontres, dont le match aller contre Mons par 1-0. Toute l’équipe évolue à un bon niveau, mais je donne quand même une mention spéciale à un garçon que je connais depuis sa formation chez les jeunes d’Anderlecht. Je veux parler du Belgo-Grec Yanis Papassarantis, passé aussi par l’équipe A du Standard de Liège et chez nous depuis 2019. C’était un vrai dix, mais repositionné en 6-8 il apporte encore davantage. Oui, il a 34 ans mais quel abattage encore à son âge."

Bref, les Centraux, voisins de la Raal – 7 kilomètres à peine séparent les deux entités – n’ont peut-être qu’un seul gros souci en tête : les installations. Le terrain synthétique, première génération a forcément beaucoup vieilli, les aires d’entraînements pour les jeunes sont ou trop courtes ou dans un triste état.

Fred Cicero, l’une des six victimes mortellement fauchées par une voiture folle en mars dernier à Strépy fut le directeur technique des jeunes de Manage. Cette situation lui compliquait déjà la vie.
" Nos interprovinciaux ont beaucoup de talent, conclut Michel Errico. Mais face à une certaine inertie communale ou en interne, je ne sais pas trop, les meilleurs éléments filent, à un moment donné vers la très belle académie voisine de la Raal. "

Le CS Entité Manage regrette d’autant plus la situation qu’il est un des clubs faisant confiance à ses jeunes produits maison en équipe première. Pour preuve encore, dimanche dernier lors de la victoire 1-0 face à Tournai, Ugo Bonnet, Noa Campion et Anthony Lintermans, 18 ans étaient présents sur le petit banc, les deux derniers étant même montés au jeu dans la dernière demi-heure.

Stéphane Jaspart n’ira pas à Rochefort

Stéphane Jaspart
Stéphane Jaspart © D. R

Toujours dans les séries D3, mais en B cette fois, Rochefort sait à présent qu’il ne poursuivra pas sa progression vers les étages supérieurs avec l’entraîneur Stéphane Jaspart. L’Engissois a pourtant été à deux doigts de répondre favorablement à une offre du président Lhoist et du directeur sportif-entraîneur actuel Jeffrey Rentmeister.
Il était sans doute un peu trop pressé de connaître son avenir et a finalement joué une certaine sécurité et du confort en rempilant pour une cinquième saison d’affilée à Warnant, le toujours étonnant leader de la D2 acff, peu enclin jusqu’alors à une montée en Nationale 1.

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