"Skinty Fia" est un album centré sur votre relation avec l’Irlande mais ses thèmes sont universels et peuvent parler à tout le monde. Est-ce que quelque chose à laquelle vous êtes sensible ?
Deego : On a toujours essayé de faire ça, depuis le début. Il y a une citation de James Joyce, un poète irlandais, qui dit qu’à travers le spécifique on perçoit l’universel. Et je pense que c’est vrai. James Joyce a quitté Dublin quand il était un jeune homme et est parti en Suisse et en Italie. Mais il écrivait toujours à propos de Dublin lorsqu’il était là-bas, parce qu’il se disait que s’il pouvait connaître le cœur de Dublin alors il pourrait atteindre le cœur de chaque ville. On essaie de faire la même chose parce que les gens sont tous les mêmes partout finalement.
J’étais à Dublin il y a quelques mois et je me souviens être passé devant un pub qui jouait votre musique tellement fort qu’on l’entendait depuis la rue. Ça fait quoi de savoir que les gens apprécient toujours votre musique à Dublin ?
Deego : C’est super. Je suis un peu soulagé d’entendre ça parce qu’il y a un phénomène irlandais assez bizarre qui fait que les gens se tournent contre vous lorsque vous avez du succès. Il n’y a qu’à voir les graffitis dans les toilettes à propos de U2. Vous ne croiriez jamais les choses que les gens disent ici contre Bono. Cela n’a aucun sens (rires). C’est sans doute la rançon du succès, j’imagine. En tout cas on a beaucoup de chance, pour le moment on a l’air de l’éviter. C’est une bonne chose !
La scène rock irlandaise est en pleine ébullition avec des groupes comme Just Mustard, The Murder Capital, Odd Morris, Silverbacks… Quel regard portez-vous sur le développement actuel de cette scène ?
Deego : Je pense que c’est incroyable, oui c’est vraiment incroyable. Au début de notre carrière, on jouait au Workman’s Club à Dublin. C’était le club de notre manager et j’ai seulement réalisé il y a quelque temps à quel point c’était pathétique (rires). Les seuls concerts que l’on arrivait à trouver étaient dans le club de notre manager. Cela en dit long sur le niveau qu’on avait à l’époque (rires). Mais il nous a donné une chance de devenir meilleur et c’est la chose la plus importante. Il a fait ça avec de nombreux groupes. C’était une chouette période pour nous. On se pointait et sur l’affiche il y avait nous, Bank Holiday Weekend, Silverbacks, The Murder Capital, The Altered Hours, Just Mustard, Odd Morris… On était tous potes. On terminait le concert, on choppait nos 50 balles de cachet, on allait au bar du coin dépenser les 50 balles et on sortait tous ensemble. C’est vraiment génial de voir que tous ces groupes commencent à décoller. J’en suis très heureux !