Agriculture

Focus sur le marché de la betterave, qui, après des années difficiles, affiche un sourire encourageant

Le marché matinal

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Le "marché matinal" de ce lundi se penchait sur le secteur betteravier, qui vient de connaître des crises à répétition qui l’ont conduit à perdre plus de 1 000 planteurs en six ans. De plus, les prix ont chuté de moitié sur le marché mondial. Si l’on y ajoute des défis environnementaux et la crise de l’énergie, on entend bien que la situation de ce secteur, pourtant essentiel, est très compliquée. La filière propose donc un plan stratégique pour remettre le secteur betteravier sur les rails.

Embellie

Thierry Vangulick s'est rendu en Wallonie picarde, où il a rencontré Stéphane Velghe, agriculteur et président de l’Association des betteraviers wallons. Celui-ci, par ce matin glacial, a laissé une partie de son stock en terre. "Il est en sommeil, en attente d’être récolté. Les rendements ont fait que la sucrerie avait prévu au départ de terminer l’écrasement des betteraves vers la mi-janvier, mais tant qu’elles sont là, elles sont bien protégées malgré le gel" explique Stéphane Velghe. 

On a fait le gros dos

Si le planteur a le sourire, c’est parce que la récolte de cette année a mis fin à une série noire pour le secteur tout entier. "On a cette tendance à vouloir continuer la betterave parce que la betterave fait partie de nos gènes, on va dire ça comme ça, mais elle a été menée à mal depuis quatre ou cinq ans" explique l'agriculteur. "On a fait le gros dos et on est tellement attaché à la betterave qu’on y croit. Mais la rentabilité de l’année passée et des deux ou trois années qui ont précédé font que les jeunes générations voient la calculette à la fin de l’année, la rentabilité, et s’il n’y a pas de rentabilité, on change".

 

Fin des quotas

À quelques kilomètres de ce champ, la sucrerie Iscal de Fontenoy tourne à plein régime. Son patron, Robert Torck, a connu des temps bien plus difficiles. "Il y a eu diverses crises, mais les crises les plus récentes sont par la libéralisation, la chute du prix du sucre. Nous connaissons les éléments climatologiques qui ont fort évolué ces dernières années. Il y a tout récemment le coût de l’énergie qui explose et la transformation de betteraves en sucre demande énormément d’énergie. Et on a aussi le débat de la décarbonisation mondiale qui est en cours" souligne Robert Torck. 

Au niveau mondial, la demande de sucre a chuté à partir de 2017 face à la concurrence du sucre de canne et à la fin du système des quotas, qui limitait la production. Et cette baisse de la demande a engendré une chute spectaculaire des prix.

On a vu plus ou moins 1 000 agriculteurs qui ont arrêté la betterave en Belgique

Guy Paternoster, le patron de l’autre grande sucrerie belge, la Raffinerie Tirlemontoise, le confirme : "le prix avait été divisé plus que par deux, donc on était vraiment en dessous de la rentabilité de la filière. On a d’ailleurs vu plus ou moins 1 000 agriculteurs qui ont arrêté la betterave en Belgique, on a perdu 15% de la surface et on est maintenant en train de reconsolider un peu l’activité".

Sujet JT du 4 décembre 2021

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Alternatives

Les deux dernières sucreries en activité, mais aussi la Confédération des betteraviers belges, ainsi que l’Institut Royal de l’amélioration de la betterave, se sont réunis pour élaborer un plan stratégique susceptible de donner un avenir à ce secteur qui fait travailler 6 500 agriculteurs et emploie directement 800 personnes.

 Robert Torck, de Fontenoy, explique : "Le plan stratégique sera axé sur la rentabilité de nos agriculteurs. Comment pouvons-nous garantir, dans ce nouveau contexte, que l’agriculteur reçoive assez d’argent pour ses récoltes dans le futur ? Comment est-ce que les transformateurs, les sucriers, les producteurs de sucre, peuvent diminuer leur empreinte énergétique, donc faire plus de sucre avec moins d’énergie, et utiliser des sources d’énergie alternatives, comme le biogaz ou les éoliennes ? Et l’élément de décarbonisation, comment peut-on diminuer notre empreinte CO2, qui est quand même aussi fort importante ?"

Autant de défis qui passent par l’amélioration des produits et de leur mode de production. Guy Paternoster, de la raffinerie de Tirlemont, souligne : "Dès à présent, on voit des alternatives possibles comme débouchées, ce sont d’abord les bioplastiques, et également des débouchées pour faire des sucres un peu moins caloriques à partir du sucre de betterave. On sait que c’est une demande de la société. Et il y a tous les co-produits de la betterave, puisque la betterave est une bioraffinerie. Il y a le sucre, mais il y a aussi la pulpe et d’autres ingrédients qu’on peut utiliser pour faire d’autres choses. C’est ce à quoi on travaille".

Comment peut-on diminuer notre empreinte CO2, qui est quand même fort importante ?

Début janvier, les acteurs de la filière vont se réunir pour mettre en œuvre ce plan censé mettre fin à l’hémorragie des planteurs et à changer l’image de marque d’une activité qui, depuis 200 ans, façonne l’économie et les paysages de notre pays. 

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