Florence Aubenas: "Quelle place pour les migrants, au-delà de l'urgence?"

Florence Aubenas

© PIERRE VERDY - AFP

Florence Aubenas a été grand reporter à Libération et est aujourd’hui journaliste au Monde. Pour comprendre la crise économique, elle n’a pas hésité à vivre l’expérience de quelqu’un qui doit travailler sans diplôme (relaté dans son livre "Le quai de Ouistreham" en 2010). Elle revient sur la crise des migrants et sur le traitement qu’en font les médias.

"Les médias parlent des migrant tous les jours. Je pense que ces personnes sont trop visibles et mal visibles. On en parle comme d’un problème technique (nombre, conditions d’hébergement…). Or c’est un enjeu humain. On ne sait pas comment parler de ce sujet- là, c’est un véritable défi pour notre profession", affirme-t-elle dans l'émission Au bout du jour sur La Première.

Elle poursuit face à Eddy Caekelberghs : "Le travail de journaliste a un côté ingrat et nécessaire. On croit qu’on va démasquer, qu’on va changer les choses. Mais on manque un peu de modestie… C’est nécessaire, mais pas suffisant. La population aussi doit se bouger."

Quand il est question des réfugiés, Florence Aubenas constate que la France se partage en deux. "Quand des réfugiés arrivent dans une ville, les partis extrémistes montent. Et, parallèlement, une partie de la population se met à aider. C’est ceux qu’on entend le moins. Les gens osent à peine dire ce qu’ils font. Il y a de vrais engagements personnels et individuels qu’on voit peu. La société se coupe en deux. L’arrivée des migrants révèle deux pays. Le réel enjeu est de savoir quelle place on donne à ces gens qui viennent d’ailleurs, au-delà de l’urgence. Dans 30 ans, la génération suivante aura une vision très dure sur ce qu’on est en train de faire."

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