Week-end Première

Fleuriste, un métier à l’histoire étonnante !

©  Cavan Images / getty Images

Par Olivier Marchal via

L’épidémie recule, le printemps approche et avec lui le bonheur d’une nature qui se réveille et se prépare à nous offrir comme chaque année son festival de beautés. Avec Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des Métiers de Charleroi, on en profite pour parler fleurs et métier !

Un peu de joie en ces temps d’angoisse

Car de la joie, les fleurs, elles savent en semer, et à tout va d’ailleurs.
Entre partir la fleur au fusil, faire une fleur, mieux : une fine fleur, notre langage en est fleuri. Comme notre vie d’ailleurs, de la naissance à la mort en passant par nos unions, nos fêtes d’anniversaires, et ces moments du calendrier dédicacés au don.

Au point de ne pas voir que derrière il y a tout une économie taille mondiale pesant près de 15 milliards d’euros, et occupants de nombreux indépendants dans les quelques 3.500 boutiques de notre chère Belgique.

Fleuriste, un métier à l’histoire étonnante !

Si la floriculture s’est véritablement formalisée au 17ième siècle en Italie et en Hollande. Il faut savoir que dès l’âge du Bronze, on utilisait les fleurs à des fins ornementales. Alors que l’Egypte ancienne fleurissait fêtes et banquets, et ce jusqu’à la tête des hommes qui portaient à l’époque, eux aussi, de belles parures fleuries. Notons que la Rome antique entretint avec les fleurs un rapport d’amour et de haine, l’interdisant même un temps pour cause d’accusation de ramollir les mœurs et d’être du domaine de la frivolité.

Si l’Histoire des métiers est passionnante, c’est entre autre parce qu’elle est truffée d’anecdote à la fois savoureuse et riche d’enseignements. Savez-vous que le commerce des fleurs et plus singulièrement celui de la tulipe fut à l’origine du premier krach boursier de l’humanité. En 1637, lorsque nec plus ultra des bourgeoisies d’Europe, la tulipe était achetée des mois, voire des années, avant d’avoir poussée, au prix valant près de 2 maisons de l’époque, et courant une hausse de 5.900% en 3 ans, avant que la peste ne s’en mêle et ne prive la hollande des récoltes promises amenant du coup à l’éclatement de la première bulle spéculative de l’Histoire !

Un métier de commerce et de beauté !

Un bouquet de fleurs c’est du bonheur à l’état pur. Qui fait du bien au cœur, mais également au toucher, et que dire de son parfum ! Or dans une société anxieuse comme la nôtre, le don, et qui plus est de fleurs est un acte bénéfique au sens littéral : " qui fait du bien ".


Une beauté qui varie selon chaque culture : en Chine, on aime les chrysanthèmes, tandis qu’en France on adore les Rose. La Belgique aussi d’ailleurs, mais avec une petite différence de taille : les flamands préfèrent les grandes, et les wallons, les petites.

La beauté des fleurs inspirent tant qu’elles sont devenue des emblèmes pour de nombreux peuples. Le chardon pour les Ecossais, le lys pour la France, le coquelicot pour la Pologne, la marguerite pour la Lituanie, encore le tournesol pour l’Ukraine qui a pour qualité mondialement reconnue de se tourner toujours vers le soleil.

Et cette beauté a besoin d’un passeur : le métier fleuriste. Métier qui suscite de nombreuses vocations, bien au-delà des clivages habituels entre compétences manuelles et intellectuelles, et qui se voit même intégré dans les olympiades des métiers, cette compétition internationale où de jeunes belges affrontent d’autres nations dans des concours de métier, sous la houlette de worldskills belgium. Compétition d’Art Floral, où l’année passée, la Belgique a frôlé le podium.

C’est dire si ce métier longtemps déconsidéré, retrouve sa juste noblesse et joue à présent vraiment dans la cour des art… isants.

Artisanat et créativité : c’est le bouquet !

Le métier de fleuriste demande grand sens esthétique, de la créativité et des capacités manuelles. Car entre la réception, le tri, la coupe, le nettoyage et la création des bouquets, ni les mains, ni l’imagination ne chôment !

C’est également un métier de contact qui demande des compétences d’entrepreneurs, qui gère des stocks fragiles et périssables, qui tient sa boutique de long en large. Un métier aux horaires variables selon les fêtes et les saisons. Et le tout pour satisfaire des clients dépensant en moyenne 180 euros de fleurs par ménage et par an.

C’est enfin un métier au cœur des transitions écologiques. Car avec près de 80% d’importation (de Colombie, du Kenya ou de l’Equateur), nos fleurs prennent plus souvent l’avion que nous. Et celles cultivées plus près, en Hollande par exemple, le sont dans des immenses serres chauffées et éclairées jour et nuit pour forcer leur croissance. Des enjeux qui demandent une bonne dose d’optimisme et d’esprit d’entreprendre, à travers les créations d’un label de fleurs équitables ou par la sensibilisation au fait que s’il est possible de manger uniquement des légumes de saisons, ce doit être également possible de n’acheter que des fleurs de raisons.

Autant de Challenges qui ne manquent pas d’attirer des profils de plus en plus variés. Tels que ces nombreux diplômés de l’enseignement supérieur qui décident, après avoir goûté aux joies des bullshit jobs, de tout plaquer pour fabriquer de la beauté, et nous offrir d’en offrir à nos proches bien aimés.
 

Plus d’infos sur ce métier ou sur tant d’autres, connectez-vous du lundi au vendredi, de 9h à 12h, sur Miti : la plateforme d’orientation en ligne entièrement gratuite de la Wallonie et de Bruxelles, ou bien via vos Cités des Métiers préférées : Bruxelles, Charleroi, Liège et Namur.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous