Après Rachid Bouchareb dans "Indigènes" (Seconde Guerre mondiale), Mathieu Vadepied filme, caméra à l’épaule, le destin broyé de ces hommes arrachés à leur terre natale pour combattre en première ligne, dans une région froide et inconnue, sous l’uniforme français. "On n’a pas la même mémoire mais on a la même histoire", a commenté l’acteur star de Lupin sur Netflix, Omar Sy, également co-producteur du film, en présentation de cette soirée d’ouverture.
La sélection Un certain regard présente 19 films dont, pour la première fois à Cannes, un long-métrage pakistanais. Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a confié que "Tirailleurs" était arrivé "assez tard en sélection" : "il y a des films comme ça qui deviennent une évidence".
Au-delà du fracas et de l’horreur de la guerre, Vadepied met au centre de son film la relation tourmentée d’un père et son fils. Face à Bakary qui veut juste ramener son garçon vivant chez lui, Thierno, galvanisé par l’ambition militaire, menace de lui échapper.
Les tirailleurs dits "sénégalais" (en fait venus de toute l’Afrique) sont montés au front aux côtés des poilus de l’Hexagone. Sur les 200.000 ayant combattu, 30.000 sont morts sur les champs de bataille de la Grande Guerre. "Les chiffres varient selon les sources", rappelle le dossier de presse du film, et "rares sont les livres, et encore moins les films, qui retracent leur histoire". Ce corps militaire a été dissous en 1960.