Les deux centrales ont été arrêtées pour la première fois en 2012. Depuis lors, des tests sont réalisés. Les derniers en date n'ont pas convaincu. Electrabel a donc lancé un nouveau programme de tests. Des centaines d’essais sont en cours et seront menés d’ici l’automne.
Electrabel devra ensuite transmettre ses résultats à l’Agence fédérale de contrôle nucléaire. "Il faudra les faire examiner par des experts internationaux, explique Jan Bens, directeur général de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire. Donc il y a du boulot. On sera vite à Noël."
Pour relancer une centrale nucléaire, il ne suffit pas d’appuyer sur un interrupteur. Il faut un certain temps. Même si on les relance à la fin de l’année, elles risquent de ne pas être pleinement opérationnelles avant la fin de l’hiver. On devra donc se passer de Tihange 2 et Doel 3. "On a tout mis en place en terme de maintien de disposition des différentes centrales, explique Melchior Wathelet (cdH), ministre fédéral de l’Energie, en terme de réduction de la consommation, en terme de plan à actionner si on a un problème de pénurie, mais est-ce que ce sera suffisant ? Aujourd’hui, je ne peux pas le garantir."
Et après cet hiver ?
Après l’hiver 2014-2015, il y en aura évidemment d’autres, et rien ne garantit, aujourd’hui, que les deux centrales fonctionneront un jour à nouveau. "On suit évidemment les essais qui se font, on a des contacts réguliers avec Electrabel, qui nous dit envisager le scénario du pire", précise Jan Bens.
Plusieurs acteurs bien informés nous confirment qu'Electrabel patauge et ne comprend pas les résultats des derniers tests. "Mais le problème est gérable, nous dit-on par ailleurs. Les équipes travaillent 24 heures sur 24 pour obtenir des résultats plus complets. Il y a un effet qu’on ne comprend pas, mais cela devrait être gérable."
Quand on parle de nucléaire, le conditionnel est plutôt malvenu. Le risque d’accident doit être proche de zéro. Car l'impact d'un accident nucléaire à Doel, par exemple, serait catastrophique. La densité de population y est très forte, et avec le port d’Anvers et les autoroutes à proximité, c’est un tiers du potentiel industriel du pays qui serait touché en cas d’accident et si l’on devait établir un périmètre de contamination.
Un futur sans ces deux centrales ?
L’arrêt des réacteurs de Tihange 2 et Doel 3 était prévu pour 2022. Mais les deux centrales pourraient ne jamais redémarrer.
La Belgique doit-elle se préparer à fonctionner définitivement sans ces deux centrales, qui produisent 15 à 20% de l’électricité totale produite en Belgique ?
"C’est possible, admet Jan Bens, si Electrabel n’arrive pas à démontrer la sûreté de ses deux cuves. Je crois que du côté de leur planning, les fournisseurs d’électricité devraient l’envisager, oui."
Du côté d’Electrabel, on se refuse à communiquer d’ici l’automne et les résultats des essais en cours.
O. Leherte