Dans le cadre de la semaine européenne du "Equal pay day" (4 novembre, jour de l’égalité salariale), le Baromètre de Sérénité Financière de l’assureur vie NN met en lumière l’inégalité genrée des femmes par rapport aux hommes en termes de produits d’épargne, de connaissances financières ou de confiance en elles sur le plan financier. L'écart le plus important se retrouve chez les femmes âgées de 35 à 49 ans. Que disent les chiffres et pourquoi ?
Officiellement l’"equal pay day" se déroule chaque année le 4 novembre. Les femmes européennes sociaux-démocrates l’ont rebaptisé "l’unequal pay day" (ou jour de l'inégalité des salariale) et pour cause : en Europe, à partir du 4 novembre et jusqu’au 31 décembre, les femmes européennes ne seront plus payées par rapport à leurs collègues masculins.
Les conséquences de l'écart salarial
Dans le viseur : l’écart salarial qui les fait travailler "gratuitement" par rapport aux hommes, durant deux mois. Au niveau européen, tous secteurs confondus, les femmes gagnent en moyenne près de 15% de moins que les hommes. En Belgique, l’écart salarial s’élève à 6% en salaire horaire. Les femmes ont un salaire généralement plus bas que les hommes, notamment parce qu'elles sont majoritaires dans les emplois à mi-temps (en partie à cause de la charge du foyer).
Cet écart a de nombreuses conséquences pour les femmes notamment en ce qui concerne l’épargne. Elles sont financièrement moins bien préparées à la pension que la gent masculine. C’est la conclusion qui ressort du Baromètre de Sérénité Financière de l’assureur vie NN. Ce Baromètre a été développé par le bureau de recherche indépendant Indiville et a été authentifié par le professeur Wim Marneffe de l’Université d’Hasselt. Son dernier rapport révèle une grande inégalité entre les hommes et les femmes en matière de tranquillité d'esprit financière.
Manque de ressources financières
Selon le Baromètre, les femmes et les hommes sont loin d’être égaux face à l’épargne. Cette inégalité est particulièrement plus marquée chez les femmes âgées de 35 à 49 ans. Les résultats montrent qu’elles épargnent beaucoup moins que leurs homologues masculins (56% contre 62%) et qu’elles bénéficient moins souvent d’une pension complémentaire de la part de leur employeur (45% de femmes en bénéficient contre 54% d’hommes).
Par ailleurs, les résultats mettent en lumière qu’elles disposent de moins d’actions, de fonds ou d’autres produits financiers que les hommes. Cela est dû en partie au manque de ressources financières et peut avoir comme conséquence directe, une marge moindre pour épargner.
Nous devons garder à l'esprit que les hommes ont souvent plus confiance en eux et auront tendance à mieux évaluer leurs connaissances que les femmes. Cela a un impact sur la manière dont nous abordons l’argent
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il ressort que 35 % des femmes entre 35 et 49 ans n’ont pas de réserve d’épargne et que 43 % d’entre elles n’ont jamais ou rarement d’argent à la fin du mois. En outre, l’enquête montre également que le taux d’activité chez les femmes (64 %) est inférieur à celui des hommes (69 %). "Et la différence majeure entre les femmes et les hommes se situe entre 35 et 49 ans (H : 87 % - F : 77 %). Ce groupe sociodémographique (les femmes âgées de 35 à 49 ans) est donc doublement touché", précise la compagnie d’assurance NN.
Les stéréotypes et discriminations de genre ont la vie dure
Mais pourquoi les femmes (et plus particulièrement le groupe d’âge 35 et 49 ans) ont-elles plus de mal à épargner ? Selon Bart Chiau, Senior Expert chez NN et professeur à la faculté d’économie de l’Université de Gand, certaines des causes sont liées aux rôles stéréotypés qui dominent dans notre société patriarcale : "Aujourd’hui encore, les femmes gagnent 10 % de moins par heure que les hommes. Entre 35 et 49 ans, beaucoup de femmes travaillent à temps partiel ou font une pause carrière pour s’occuper de leurs enfants, par exemple. D'autre part, c'est aussi à ce moment que les enfants commencent à étudier, ce qui peut engendrer de nombreux frais."
"Nous constatons également que notre société de consommation continue de cibler plus souvent les femmes que les hommes, mais comme celles-ci gagnent moins d'argent, il leur restera moins de réserves d'épargne. Bien sûr ceci est une explication générale et il existe des nombreux cas spécifiques. Il suffit de penser aux femmes célibataires avec ou sans enfants, qui peuvent également rencontrer des difficultés financières."
Pour rappel, en Belgique, c’est la composition de "ménage" qui expose le plus à la précarité. Selon les derniers chiffres (2018) de l'Etat belge, 41,3% des familles monoparentales (dont 80% sont des femmes seules) sont considérées comme à risque de pauvreté monétaire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il ressort que 35 % des femmes entre 35 et 49 ans n’ont pas de réserve d’épargne et que 43 % d’entre elles n’ont jamais ou rarement d’argent à la fin du mois
Un manque de confiance et de connaissance financière
Les statistiques du Baromètre montrent également que les femmes interrogées s’attribuent une note inférieure à celle des hommes en matière de connaissances et de planification de la retraite. En moyenne, à peine 19 % des Belges attribuent une note de 8 sur 10 ou plus et plus de la moitié des Belges (51 %) s’attribuent une note de 5 sur 10 ou moins. En vieillissant, les Belges acquièrent davantage de connaissances financières, mais l'écart entre les hommes et les femmes demeure (voir le graphique ci-dessous).