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Faux « made in Italy » : des mozzarellas de grandes surfaces qui n’ont pas mis les pieds en Italie

Faux « made in Italy » : des mozzarellas de grandes surfaces n'ont pas mis les pieds en Italie

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Par Margot Houget via

Les industriels adoptent des stratégies pour nous faire croire à une mozzarella 100% italienne. Elle n’a, en réalité, jamais mis les pieds dans la grande botte.

Drapeau, nom à consonance italienne… Tout porte à croire que ces mozzarellas sont fabriquées en Italie…

© Getty Images

Aucune protection du mot mozzarella

En bas, il y a écrit classico. C’est une erreur parce que ça devrait être classica. Mozzarella c’est féminin et le mot devrait être classica.

Les packagings adoptent les couleurs de l’Italie. Ils ont aussi recours à l’italien avec parfois des fautes amusantes. "En bas, il y a écrit classico. C’est une erreur parce que ça devrait être classica. Mozzarella c’est féminin et le mot devrait être classica", repère automatiquement Gianfranco Raineri, associé à la Chambre de commerce belgo-italienne. Cette mozzarella a, en réalité, été produite en Allemagne.

"Le premier problème c’est que le mot mozzarella n’est pas protégé par l’Europe. Avec un nom protégé, on peut seulement produire en Italie, on peut seulement produire avec du lait italien. Ils ont tenté plusieurs fois en Italie de protéger le nom, mais ils n’ont pas réussi", renseigne Gianfranco Raineri. L’industrie agroalimentaire peut donc utiliser le mot mozzarella, sans qu’elle ne soit produite, élaborée ou encore transformée en Italie.

Afin de connaître l’origine d’une mozzarella, le consommateur doit retourner le paquet. En bas, dans deux ovales, le code du pays y sera indiqué. IT désigne une production italienne. L’indication DE désigne une mozzarella provenant d’Allemagne.

 

Le sigle pour reconnaître une mozzarella produite en Italie.
Le sigle pour reconnaître une mozzarella produite en Italie. © J.P Verroest

Galbani, gage d’une mozzarella 100% italienne ?

"Galbani, c’est une des marques historiques en Italie, très connue. Elle a été rachetée par un grand groupe français, Lactalis", relève Gianfranco Raineri. La multinationale française possède plusieurs usines en Europe. Certaines mozzarellas Galbani sont produites en France, mais continuent de garder le même emballage avec l’inscription "n°1 en Italia".

Si on regarde de plus près la liste des ingrédients, le lait n’est pas non plus italien. On peut lire "lait d’origine U.E" sur l’emballage. L’Italie est, en effet, déficitaire en lait et doit en importer afin d’assurer sa production.

Le groupe français Lactalis possède la célèbre marque italienne Galbani.
Le groupe français Lactalis possède la célèbre marque italienne Galbani. © Margot Houget

Une production de mozzarellas artisanales à Bruxelles

Ici, comme en Italie, on la mange tout de suite. On la prépare le matin ou la nuit, et à midi, on la mange.

Antonio Quaratino, originaire des Pouilles en Italie, nous a ouvert les portes de son atelier où il fabrique lui-même des mozzarellas. Il n’utilise aucun conservateur à la différence de l’industrie agroalimentaire. "Ici, comme en Italie, on la mange tout de suite. On la prépare le matin ou la nuit, et à midi, on la mange".

Il nous explique les différentes étapes de fabrication d’une mozzarella artisanale. "On procède d’abord à la fermentation. On laisse le lait reposer entre 4 à 6 heures". Une grosse couche de caillé va ensuite se former. La deuxième étape consiste à "casser le caillé pour ne pas qu’il soit solide". Il faut ensuite égoutter la pâte. "Pour un kilo de mozzarella, il faut dix litres de lait", précise Antonio Quaratino, propriétaire de La Burrata.

Afin de pouvoir la modeler, la pâte est ensuite mélangée à l’eau chaude. La mozzarella est ensuite vendue 15 euros le kilo. C’est en moyenne deux fois plus cher qu’en supermarché.

Antonio Quaratino fabrique la mozzarella fior di latte pour la journée.
Antonio Quaratino fabrique la mozzarella fior di latte pour la journée. © J.P Verroest

Une pratique plus généralisée : l’Italian Sounding

La Chambre de commerce belgo-italienne mène des actions afin d’alerter sur l’ampleur du business des faux produits "made in Italy". Plusieurs marques pratiquent l'"Italian Sounding", c’est-à-dire "l’utilisation d’indications géographiques, de combinaisons de couleurs qui évoquent l’Italie sur les étiquettes et les emballages, mais qui dans le fait, ne sont pas des produits authentiquement italiens.", définit Nora Serrani, vice-secrétaire générale de la Chambre de commerce belgo-italienne.

C’est un véritable problème économique pour l’Italie qui perd plusieurs milliards d’euros chaque année à cause de produits qui s’approprient les codes du pays. "Dans une récente recherche que nous avons réalisée, en 2022, le faux "made in Italie" s’élevait à 79,2 milliards d’euros", précise Nora Serrani. La charcuterie et la fromagerie sont particulièrement impactées par le phénomène.

Le label AOP

Le mot mozzarella n’est pas protégé par l’Union européenne. En revanche, le label AOP (appellation d’origine protégée) est présent sur deux types de mozzarellas :

  • La mozzarella di Bufala Campana
  • La mozzarella di Gioia del Colle

Le label garantit que le produit a été transformé et élaboré dans une région spécifique en Italie.

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