A souligner : la créativité des travailleurs de la jeunesse
Un réseau européen de chercheurs a enquêté sur les conditions du travail de la jeunesse. Le BIJ a coordonné cette recherche pour la partie francophone du pays, via une enquête en ligne et des panels, explique Jean-François Guillaume, docteur en sociologie et professeur à l’ULiège.
L’étude montre que les travailleurs de la jeunesse (maisons des jeunes, aide en milieu ouvert, secteur associatif, qui proposent des activités extra-scolaires avec les jeunes… ) ont fait preuve, lors du premier confinement, de beaucoup de créativité pour que le lien soit maintenu, à travers les réseaux sociaux et des animations à distance.
"L’été a ensuite été une période enchantée, une parenthèse où on a pu rouvrir et réorganiser des activités, naturellement avec des limites, d’où l’investissement dans la découverte de l’environnement local".
La difficulté s’est accentuée avec le 2e confinement. A partir d’octobre-novembre, les choses se sont vraiment compliquées, a constaté Jean-François Guillaume. "L’état d’esprit des travailleurs aujourd’hui, c’est cette impression de vivre une période marquée par la fatigue, l’usure, l’imprévisibilité, l’incertitude. C’est extrêmement pesant. Malgré tout, ils font preuve de créativité. Mais celle-ci a toutefois ses limites, il y a des choses qu’on ne peut pas faire dans n’importe quelles circonstances."
Les travailleurs de la jeunesse subissent aussi cette absence de contacts, parce que la relation est au coeur même de leur activité envers les jeunes. Il a fallu aller les rechercher sur les réseaux sociaux ou en allant à leur rencontre. Et leur proposer quelque chose qui est de l’ordre d’un défi collectif, des choses concrètes à faire à plusieurs.
"Il y a peut-être aussi un caractère positif dans ce défi : il ne s’agit plus de se protéger contre le virus, mais de faire quelque chose pour. D’avoir une contribution à un enjeu sociétal. On n’est plus sur la défensive, on est associé à des actions concrètes. Et les travailleurs de jeunesse ont bien senti que quand les activités étaient construites sur ce modèle-là, ils avaient l’adhésion des jeunes."