Week-end Première

Faut-il vivre sobrement pour être heureux ?

© Getty Images

Par RTBF La Première/Matthieu Peltier via

A la veille de la tournée minérale, et alors qu’il est encore temps de prendre ses bonnes résolutions pour 2022, le philosophe Matthieu Peltier nous parle de la sobriété, mais aussi de la voie d’Epicure. Faut-il vivre sobrement pour vivre heureux ?

On a l’habitude de parler d’épicuriens comme de personnes qui sont dans le plaisir et la jouissance, alors que la philosophie d’Epicure est aussi une invitation à la limitation. A notre époque où nous saturons de tout, de bruits, de sollicitations, de consommation effrénée, Epicure a peut-être quelque chose à nous dire.

Que dit Epicure ?

Au 4e siècle avant JC, à Athènes, les Epicuriens viennent avec une vision du monde assez révolutionnaire pour l’époque : ils considèrent que le monde est le résultat du comportement des atomes et non de la volonté des dieux.

Il n’y a donc plus à craindre les dieux, ni la mort, puisque la mort ne nous est rien. Quand nous sommes, la mort n’est pas là et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas.

Sur ce constat, Epicure nous invite à nous concentrer sur la vie ici-bas et sur ses plaisirs.

Il n’y aurait donc aucune raison de ne pas se faire du bien ?

C’est un peu plus compliqué que cela, car Epicure explique que la vie bonne consiste à rechercher les plaisirs mais également à éviter les peines.

Or certains plaisirs ou certains excès coûtent plus de peine qu’ils ne rapportent de plaisir.

Un exemple : un verre de vin avec le repas apporte un certain plaisir. On pourrait être tenté d’en prendre un second, un troisième, voire la bouteille entière. Or, on s’exposerait ainsi à un réveil très compliqué et la peine de la gueule de bois surpasserait largement le plaisir de la bouteille vidée.

Il s’agit donc de se limiter pour que le plaisir reste un plaisir. L’invitation est celle de la recherche d’un équilibre.

Une classification toute philosophique

Epicure classe les plaisirs en 3 catégories :

  • les plaisirs naturels et nécessaires : manger, boire, dormir. Pour survivre, ces plaisirs sont à poursuivre.
  • les plaisirs naturels et non nécessaires : un bon repas avec un bon verre de vin, c’est un plaisir naturel, mais on n’est pas nécessairement obligé de bien manger pour survivre. Epicure dit que ces plaisirs sont à rechercher, mais en évitant l’excès, pour éviter la peine que cela pourrait causer.
  • les plaisirs non naturels et non nécessaires, comme la gloire et la richesse. Epicure déconseille la recherche de ces plaisirs-là, car ils sont sans fin et appellent à toujours plus. Ils ne donnent jamais de satisfaction définitive.

En conclusion, être épicurien, ce n’est pas être un ascète, mais ce n’est pas non plus être hédoniste.

Il faut savoir que pour Epicure, l’une des plus belles choses dans la vie, c’est l’amitié, qu’il situe même au-dessus de l’amour. S’agissant des repas, il dit d’ailleurs :

Il ne faut pas tant regarder ce que l’on mange que celui avec qui l’on mange.

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